Voyage en Europe – En 2023, une réalité amère a marqué les aspirations de nombreux ressortissants africains, notamment les Algériens, confrontés à une série de refus de visas pour l’espace Schengen.
Cette année-là, pas moins de 704 000 demandes de visa ont été rejetées, représentant une perte financière totale de 56,3 millions d’euros pour les Africains. Ces chiffres soulignent une tendance préoccupante où les demandes de visa africaines sont largement rejetées par rapport à d’autres régions du monde. Les pays africains et asiatiques ont supporté environ 90 % des coûts des visas Schengen refusés, totalisant 130 millions d’euros, selon EU Observer.
Pour les Algériens, le voyage en Europe fut particulièrement dur : plus de 13 millions d’euros ont été perdus en frais de visas refusés pour 166 200 demandes rejetées. Sur un total de 474 032 demandes soumises, environ 35 % ont été écartées. Cela représente une part significative du salaire moyen en Algérie, où le coût de 80 euros par demande de visa est déjà élevé pour beaucoup.
D’autres pays africains ont également subi des pertes considérables : les Marocains ont perdu près de 11 millions d’euros pour 136 300 refus de visas, suivis par les Égyptiens (3,7 millions d’euros), les Nigérians (3,4 millions d’euros) et les Tunisiens (3,1 millions d’euros). Au-delà de l’impact financier, ces refus de visas ont suscité des réactions vives au sein des sociétés civiles concernées, critiquant ouvertement une politique de visa jugée discriminatoire et coûteuse.
L’Union européenne a justifié une récente augmentation des frais de visa de 80 à 90 euros par demande, invoquant une inflation dans les États membres. Cependant, cette décision a été largement contestée pour son impact disproportionné sur les voyageurs africains, comparativement à d’autres destinations comme le Royaume-Uni (134 euros) et les États-Unis (185 euros). La Commission européenne a également proposé d’autoriser une augmentation des tarifs par les prestataires externes de visas Schengen, aggravant encore les barrières financières à la mobilité.
En réponse aux critiques, l’UE a promis de réinvestir les revenus supplémentaires générés par les demandes de visa pour améliorer les services consulaires. Cela inclut la réduction des délais d’attente pour les rendez-vous et une efficacité accrue dans le traitement des demandes de visa. Cependant, ces mesures restent insuffisantes pour ceux qui voient leurs frais de visa perdus sans possibilité de remboursement en cas de refus.
Le visa Schengen est devenu un instrument clé de la politique migratoire de l’UE, utilisé pour influencer la coopération des pays tiers dans la gestion des migrations. Cette approche a été critiquée pour son manque de transparence et d’équité, exacerbant les inégalités économiques et géopolitiques à travers des politiques restrictives.
Les appels à une réforme profonde des politiques de visa européennes se multiplient, émanant des organisations de la société civile et des défenseurs des droits humains. Ils demandent une procédure plus transparente, équitable et moins coûteuse pour les demandeurs de visa, soulignant l’urgence d’adoption de mesures pour promouvoir une mobilité mondiale plus juste et accessible.
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