Un scandale financier d’ampleur secoue un hôtel des plus emblématiques d’Algérie, à savoir El Aurassi d’Alger, dont le projet de rénovation, censé lui permettre d’atteindre les standards d’un cinq étoiles international, s’est transformé en une affaire de corruption impliquant des montants faramineux. Des millions d’euros se seraient volatilisés dans ce chantier titanesque, tandis que les principaux responsables devront répondre de leurs actes devant la justice.
Le mercredi 19 mars prochain, l’ancien PDG de l’établissement, « I.A. », ainsi que le directeur financier, « K.H. », seront entendus par la première chambre criminelle de la Cour d’Alger, selon Echourouk. Ils sont accusés de graves infractions liées à la gestion de ce projet, qui a finalement engendré des pertes abyssales pour les finances publiques. Une enquête minutieuse a révélé que l’argent destiné à la modernisation de l’hôtel a été détourné dans des circonstances opaques, notamment à travers l’octroi d’un marché à un entrepreneur turc, dont les prestations auraient été surfacturées de manière significative.
L’affaire remonte à 2009, année où l’État algérien a alloué une enveloppe budgétaire conséquente pour remettre à niveau l’hôtel, qui est parmi les plus fréquentés en Algérie, et en faire un véritable fleuron de l’hôtellerie de luxe. Mais au fil des années, les travaux, loin d’aboutir à une transformation conforme aux attentes, se sont heurtés à une série d’irrégularités. Les investigations ont révélé que l’écart entre les sommes effectivement déboursées et le coût réel des travaux avoisinait les 100 millions d’euros, un gouffre financier qui a plongé le Trésor public dans une perte sèche de 1 442 milliards de centimes.
Un rapport du Conseil des comptes, daté du 31 octobre 2017, a mis en lumière de multiples anomalies. Le processus de sélection du prestataire s’est révélé être entaché d’irrégularités majeures, notamment l’absence de critères clairs de notation dans le cahier des charges, et une évaluation technique et économique défaillante menée par le bureau d’études étranger « IMM », qui était en charge du projet. En conséquence, plusieurs avenants ont été signés pour couvrir des travaux supplémentaires, augmentant drastiquement les coûts sans véritable contrôle administratif.
Le projet de modernisation dudit hôtel, qui est considéré comme étant l’un des meilleurs établissements hoteliers en Algérie, initialement budgété à hauteur de 67 millions d’euros, a finalement vu son coût exploser. Ce dépassement budgétaire, attribué à la signature d’avenants qui ont excédé la valeur initiale du contrat, ne figurait pas dans les clauses du cahier des charges négocié avec l’entrepreneur turc. Pire encore, les délais d’exécution, qui devaient être de 22 mois, ont été prolongés à 26 mois sans justification concrète. Par ailleurs, les avances forfaitaires versées pour les travaux n’ont jamais été récupérées.
Les accusés font face à des chefs d’inculpation particulièrement graves : abus de fonction, dilapidation de deniers publics, falsification de documents administratifs et usage de faux. Des faits qui risquent de leur coûter cher devant la justice, d’autant plus que le tribunal correctionnel de Sidi M’hamed avait déjà prononcé, en octobre dernier, une condamnation à cinq ans de prison ferme assortie d’une amende d’un million de dinars pour chacun des accusés. En plus de cette peine, ils avaient été condamnés à verser un dédommagement de 10 millions de dinars au Trésor public.
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