2.4 milliards de dollars… : l’Algérie donne des sueurs froides à la France

Algérie France ONU accords franco-algériens espionnage MAE

L’Algérie s’impose désormais comme un acteur économique qui échappe peu à peu à l’influence de la France, et ce, au profit de nouveaux partenaires stratégiques comme le Sultanat d’Oman. Ce bouleversement s’accélère dans un contexte où l’Algérie multiplie les accords bilatéraux, notamment dans des secteurs jadis dominés par la France, qui traverse actuellement une crise financière aiguë. Cette nouvelle dynamique économique engagée par l’Algérie, conjuguée à la dégradation des relations diplomatiques entre l’Algérie et la France, pousse la France à observer, impuissante, l’érosion de son influence historique sur le sol algérien. Désormais, l’Algérie choisit ses partenaires avec précision, et ce choix n’inclut plus nécessairement la France comme auparavant. Aujourd’hui, l’Algérie, en coopération avec le Sultanat d’Oman, développe un ambitieux projet industriel à hauteur de 2,4 milliards de dollars, ce qui marque un tournant décisif dans la répartition des parts de marché.

Cette coopération Algérie-Oman a été consolidée à l’occasion de la visite d’État du Sultan Haïtham ben Tariq en Algérie. Une rencontre qualifiée de fraternelle par le président Abdelmadjid Tebboune, qui a salué la qualité des échanges et la vision commune partagée avec son hôte omanais. La relation Algérie-Oman s’est intensifiée depuis la visite d’État du président Tebboune à Mascate en octobre 2024 et la tenue, en juin 2024, de la 8e session de la Commission mixte à Alger. Loin d’être anodines, ces étapes témoignent d’un repositionnement géopolitique voulu par l’Algérie, qui éloigne progressivement la France de ses secteurs stratégiques.

Parmi les projets phares issus de cette coopération Algérie-Oman, figure la mise en œuvre conjointe d’un vaste complexe industriel à Arzew, dans la production de fertilisants, d’engrais, d’ammoniac et d’urée, pour une valeur colossale de 2,4 milliards de dollars. Ce montant n’a rien d’anodin dans le contexte économique actuel : il symbolise l’envergure des ambitions industrielles de l’Algérie, tout en réduisant la dépendance à l’égard de la France. L’Algérie, la France et l’économie n’évoluent plus dans les mêmes équilibres. Autrefois partenaire privilégiée, la France voit aujourd’hui l’Algérie faire basculer ses projets dans le giron d’autres puissances émergentes comme le Sultanat d’Oman. Et ce choix s’accompagne d’une logique précise : celle de la diversification.

Le partenariat Algérie-Oman ne se limite pas aux engrais. Les deux pays se projettent déjà sur des secteurs comme l’industrie automobile, l’énergie, les médicaments, l’agriculture, la pêche, la justice ou encore l’industrie pharmaceutique. Autant de domaines qui, auparavant, permettaient à la France de maintenir son influence économique sur l’Algérie. Mais désormais, la France, qui lutte contre une inflation persistante et des déficits budgétaires chroniques, observe de loin cette réorientation algérienne. Le renforcement des relations entre l’Algérie et le Sultanat d’Oman ne fait que souligner davantage l’isolement progressif de la France sur l’échiquier maghrébin.

Ce virage est d’autant plus perceptible à travers la création du Fonds d’investissement omano-algérien, destiné à appuyer les projets conjoints et à les diversifier. Un outil financier structurant qui permet à l’Algérie et au Sultanat d’Oman de planifier l’avenir économique sans avoir recours aux partenaires européens traditionnels, France incluse. L’organisation du Forum d’affaires d’Alger en juin 2024, en présence de chefs d’entreprises omanais, confirme cette volonté partagée. Dans cette optique, la présence du Sultanat d’Oman comme invité d’honneur de la prochaine Foire internationale d’Alger (FIA) et celle de l’Algérie au Salon omanais AgroFood ne sont pas de simples gestes symboliques. Ces choix stratégiques illustrent une redéfinition complète de l’ordre des priorités diplomatiques et commerciales.

Sur le plan régional et international, l’Algérie et le Sultanat d’Oman affichent une parfaite convergence de vues, notamment sur la situation en Palestine, appelant ensemble à l’arrêt immédiat des violences dans la bande de Ghaza. Là encore, l’Algérie joue un rôle central, salué par le Sultanat, pour sa défense active de la cause palestinienne au sein du Conseil de sécurité. De son côté, l’Algérie met en lumière les efforts de médiation menés par Oman, notamment entre les États-Unis et l’Iran. Autant d’éléments qui renforcent la crédibilité des deux pays dans le dialogue régional, alors que la France, jadis influente dans ces dossiers, semble reléguée à un rôle d’observateur.

Ainsi, l’Algérie, en affirmant son indépendance économique et diplomatique, redistribue les cartes dans un monde multipolaire où la France ne bénéficie plus de son ancien statut privilégié. L’Algérie avance, la France recule. Et à chaque partenariat signé entre l’Algérie et le Sultanat d’Oman, c’est un peu plus d’influence que la France perd sur la scène algérienne. L’Algérie, la France, le Sultanat d’Oman : trois noms dans une même phrase, mais trois trajectoires qui ne suivent plus la même direction.