Benlarbi Benssedik a aujourd’hui 67 ans. Cet homme a consacré quarante-cinq années de sa vie à travailler en France, sans jamais faillir à son parcours professionnel. Pourtant, après avoir décidé de prendre sa retraite au mois de décembre dernier, il se retrouve dans une situation inattendue : les versements qui devaient lui être assurés par la Carsat des Hauts-de-France sont bloqués. Pour cet Algérien qui a bâti toute son existence en France, la retraite qu’il pensait méritée se transforme en combat administratif.
Ce ressortissant Algérien installé depuis des décennies en France avait choisi de vendre son restaurant à Valenciennes en décembre pour enfin profiter d’un repos bien mérité. « J’ai bossé toute ma vie dans la restauration depuis 1979 », a-t-il confié à La Voix du Nord, rappelant que son activité a toujours été source de revenus et d’efforts continus. Pourtant, malgré cette carrière exemplaire, cet Algérien de France ne reçoit pas le moindre versement de retraite, un paradoxe qui illustre la complexité de certaines démarches administratives.
La Carsat des Hauts-de-France a confirmé la situation en expliquant clairement que « si le titre de séjour n’est pas à jour, il ne peut pas percevoir sa retraite ». Ainsi, l’Algérien installé en France depuis plus de quarante ans, qui croyait avoir atteint le moment où il pouvait vivre sereinement de sa retraite, se retrouve privé de ses droits uniquement parce qu’il n’était pas en situation régulière au moment du dépôt de son dossier. Cette précision administrative, bien que conforme aux règles en vigueur, a eu pour conséquence directe de bloquer une pension que l’homme pensait acquise.
L’élément qui renforce encore le sentiment d’injustice exprimé par cet Algérien en France est le fait que la Carsat a ajouté que « s’il vivait en Algérie, il percevrait sa retraite étant donné qu’il porte la nationalité algérienne ». En d’autres termes, la résidence en France sans titre de séjour valide bloque le versement, alors qu’un retour en Algérie permettrait paradoxalement de débloquer la pension. Ce décalage entre la situation administrative et les droits sociaux souligne une complexité qui échappe souvent aux personnes concernées, surtout après une vie entière passée à travailler.
Benlarbi, qui se retrouve aujourd’hui sans titre de séjour depuis dix ans, explique qu’il n’a jamais réussi à régulariser sa situation dans les délais. Ce manquement administratif, qui peut sembler anodin au départ, a eu des conséquences considérables au moment de demander sa retraite. Pour lui, cette situation est vécue comme une véritable injustice. Cet Algérien installé en France depuis l’âge de ses études rappelle qu’il a toujours travaillé, qu’il n’a jamais sollicité d’aides sociales et que lui et son épouse ont consacré toutes leurs forces au travail pour construire une vie stable. Pourtant, au moment d’accéder à la retraite, tout s’effondre.
Ses propos traduisent un sentiment d’amertume : « J’ai fait mes études en France, j’ai travaillé en France, je n’ai jamais quitté la France », confie-t-il, en insistant sur le fait qu’il n’a jamais cessé de participer à la société et au système. Pour cet Algérien, la retraite en France n’est donc pas un privilège mais le fruit de plusieurs décennies d’efforts constants. Le blocage de sa pension vient remettre en cause cette logique de réciprocité entre travail et droits acquis, ce qui laisse place à un sentiment d’injustice et d’abandon.