Alors qu’Algérie Ferries, la compagnie publique emblématique, a connu une saison estivale marquée par des retards, des annulations et des pannes, la nouvelle venue Nouris Elbahr, censée représenter un vent de renouveau, est déjà dans la tourmente.
Durant l’été 2024, les mésaventures d’Algérie Ferries ont été abondamment relayées, notamment les déboires du Moby Dada, un navire vieillissant loué à un armateur italien. Ces problèmes ont entraîné des centaines de passagers bloqués dans les ports de Sète, Marseille et Alicante, accentuant les frustrations des voyageurs. Dans ce contexte, l’annonce du lancement de Nouris Elbahr avait créé une vague d’espoir. Présentée comme une alternative moderne et ambitieuse, la compagnie promettait de révolutionner le transport maritime algérien en offrant des traversées agréables et fiables.
Dès ses débuts, il y a un mois, Nouris Elbahr a ouvert des lignes reliant Alger, Oran et Béjaïa aux ports de Marseille et d’Alicante. Cette nouvelle a été accueillie avec enthousiasme, notamment par la diaspora algérienne en Europe, qui voyait en cette initiative un remède aux maux persistants du secteur. Cependant, les premiers mois d’opérations n’ont pas été exempts de controverses.
Récemment, un scandale a éclaté au port d’Alicante, où 485 passagers et 200 véhicules ont été abandonnés sans assistance par Nouris Elbahr, selon les déclarations du député des Algériens de France, Mohamed Hani. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le parlementaire a dénoncé le silence assourdissant de la compagnie face à cette situation. « Les voyageurs ont été laissés à leur sort, sans aucune explication, ni prise en charge », a-t-il déclaré, visiblement outré.
Selon lui, ce fiasco résulterait d’un problème financier interne à la compagnie. Si cette hypothèse reste à confirmer, l’incident ternit déjà l’image de Nouris Elbahr, qui n’a émis aucune déclaration officielle pour clarifier les faits. Paradoxalement, c’est Algérie Ferries, pourtant vivement critiquée ces derniers mois, qui est intervenue pour secourir une partie des passagers abandonnés. Une ironie qui n’a pas échappé à Mohamed Hani, qui a publiquement salué l’initiative de la compagnie publique.
Cette débâcle met en lumière les défis auxquels le transport maritime algérien est confronté, même avec l’arrivée de nouveaux acteurs. L’enthousiasme initial suscité par Nouris Elbahr s’est transformé en désillusion pour de nombreux passagers, qui espéraient enfin une alternative fiable et moderne. Pour beaucoup, cet incident soulève des questions sur la capacité des compagnies maritimes algériennes à répondre aux attentes croissantes des voyageurs.
Le silence de Nouris Elbahr sur cette affaire risque d’aggraver une situation déjà délicate. Les réseaux sociaux, terrain fertile pour les critiques, n’ont pas tardé à s’enflammer, les internautes exprimant leur mécontentement et leur méfiance envers cette nouvelle compagnie. Certains appellent même à une réglementation plus stricte et à une transparence accrue dans la gestion des compagnies de transport.
Au-delà de ce scandale, cet épisode souligne un besoin urgent de réformes structurelles dans le secteur maritime algérien. La concurrence, qui devait être un levier d’amélioration, semble pour l’instant révéler les mêmes lacunes, qu’elles soient d’ordre logistique, financier ou organisationnel. Pour les voyageurs, l’espoir d’un service fiable et de qualité reste suspendu à des promesses qui, pour l’instant, peinent à se concrétiser.
Ainsi, ce qui devait être une étape vers une modernisation tant attendue du transport maritime algérien s’apparente désormais à une autre épreuve pour les voyageurs. Nouris Elbahr devra rapidement redresser la barre pour regagner la confiance du public et prouver qu’elle peut réellement tenir ses engagements. En attendant, la diaspora algérienne, toujours en quête d’améliorations, observe avec une patience qui commence à s’épuiser.
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