L’aéroport de Roissy Charles de Gaulle a été le théâtre d’une saisie spectaculaire par la police judiciaire parisienne : 45 kilos de cocaïne ont été interceptés, révélant un réseau de trafic de drogue où un membre de la Police aux frontières (PAF) est soupçonné d’avoir joué un rôle crucial.
Le vendredi 31 mai, une jeune femme en provenance de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) arrivait à Roissy, semblant n’être qu’une touriste ordinaire. Fatiguée mais sereine, elle récupérait ses deux valises sur le tapis roulant. Cependant, cette apparence ordinaire cachait une surveillance étroite des enquêteurs du 2ᵉ District de Police judiciaire (DPJ) parisienne. Soupçonnée d’être une « mule », la femme était observée par des policiers en civil, qui suivaient chacun de ses gestes avec une attention particulière. Après quelques minutes, elle passa un appel téléphonique, et rapidement, un homme en uniforme s’approcha d’elle. C’est en effet ce dont fait part le média TF1 Info.
Cet homme était un policier adjoint de la PAF, âgé de 22 ans. Il accompagna la jeune femme à travers le contrôle de la Douane sans aucune interrogation ni fouille. Les agents du 2ᵉ DPJ intervinrent quelques instants plus tard, juste avant que le policier et la femme ne montent dans un VTC stationné à l’extérieur de l’aéroport. Le conducteur du véhicule et un passager furent également arrêtés.
Lors de la fouille des bagages à l’aéroport de Roissy, les enquêteurs découvrirent 45 kilos de cocaïne, d’une valeur estimée à près de 3 millions d’euros. Une telle quantité passée sans difficulté soulevait des questions : le réseau avait-il déjà testé ce parcours ? Un magistrat spécialisé dans les affaires de stupéfiants suggérait que l’équipe avait probablement fait des essais avec des précurseurs.
Pendant les 96 heures de garde à vue, les quatre suspects, incluant le présumé commanditaire de l’opération, furent peu loquaces, minimisant leur implication. Le policier adjoint, alternant entre silence et amnésie, ajoutait à la complexité de l’enquête. Tous ont été mis en examen par un juge d’instruction de Bobigny (Seine-Saint-Denis) et placés en détention provisoire.
Cette affaire est jugée « sensible et embarrassante » pour la préfecture de police de Paris. L’information judiciaire en cours vise à déterminer si ce réseau était à son coup d’essai ou si d’autres opérations similaires avaient déjà eu lieu. La facilité avec laquelle la drogue a traversé les contrôles à Pointe-à-Pitre et a été transportée dans la soute de l’avion interpelle. Policiers et juges spécialisés envisagent la possibilité d’une corruption au sein des agents en poste.
La commission d’enquête sénatoriale sur le trafic de drogue en France avait déjà mis en garde contre l’émergence inquiétante de la corruption des agents publics et privés par les trafiquants. Leur rapport, publié récemment, décrivait cette corruption comme un « véritable venin » dont le Gouvernement n’avait pas encore pleinement pris la mesure. Les sénateurs soulignaient l’importance de renforcer les mesures de sécurité et de surveillance pour prévenir de telles infiltrations.
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