Air Algérie vient de franchir une nouvelle étape dans sa stratégie linguistique en annonçant la suppression du français sur ses billets d’avion. À compter des prochaines éditions, les documents de voyage de la compagnie nationale algérienne seront exclusivement rédigés en arabe et en anglais. C’est Abdelkader Salmi, responsable de la division des affaires publiques au sein de l’entreprise, qui a officialisé l’information, ce lundi 14 avril, lors d’un entretien accordé à la chaîne algérienne Echorouk. Cette initiative marque un tournant dans les pratiques de communication de la compagnie, notamment dans un contexte où la langue française, historiquement présente dans de nombreux supports administratifs en Algérie, reste très utilisée dans les relations commerciales et les échanges internationaux.
Malgré le fait que la France demeure un marché central dans le réseau d’Air Algérie, la langue de Molière ne figurera plus sur les billets. La compagnie a opté pour une nouvelle norme qui rejoint, selon Abdelkader Salmi, les usages établis dans de nombreuses autres compagnies aériennes à travers le monde, en particulier dans le monde arabe. À ses yeux, cette évolution s’inscrit dans une dynamique globale et régionale cohérente. L’anglais, perçu comme la langue internationale du transport aérien, est maintenu en tant que vecteur de communication essentiel, permettant aux passagers de tous horizons de comprendre les informations de vol. Quant à l’arabe, il représente non seulement la langue officielle de l’Algérie, mais aussi celle de nombreux partenaires commerciaux et institutionnels d’Air Algérie dans la région MENA.
Dans ses explications, Abdelkader Salmi a insisté sur la dimension pratique et stratégique de cette décision. L’adoption de l’anglais répond à des impératifs d’accessibilité pour une clientèle diversifiée, tandis que l’intégration de l’arabe permet de consolider l’identité culturelle et linguistique de la compagnie. Il a souligné que les grandes compagnies des pays arabes ont déjà depuis longtemps mis en place ce modèle linguistique bilingue arabe-anglais. Air Algérie s’inscrit donc, selon lui, dans une logique d’harmonisation et de modernisation conforme aux standards du secteur aérien.
Ce choix soulève toutefois des interrogations, notamment sur son impact auprès des voyageurs francophones, en particulier ceux résidant en France. Air Algérie entretient une relation dense avec la diaspora algérienne installée dans l’Hexagone, qui représente une part significative de sa clientèle. Supprimer le français de ses supports visibles pourrait ainsi surprendre certains usagers habitués à retrouver les trois langues sur les documents officiels de la compagnie. Néanmoins, selon les explications fournies, ce changement ne concernerait que les billets, sans qu’il soit précisé si cette réorientation linguistique s’étendra à d’autres supports tels que les annonces à bord ou les informations affichées dans les aéroports.
La dimension symbolique de cette mesure ne passe pas inaperçue. Dans un contexte où la place du français en Algérie fait régulièrement l’objet de débats politiques et culturels, la décision d’Air Algérie pourrait être interprétée par certains comme une volonté affirmée de renforcer l’usage des langues considérées comme stratégiques ou identitaires. Officiellement, la compagnie ne lie pas sa démarche à des considérations idéologiques ou politiques, mais l’inscrit dans un cadre purement opérationnel et conforme aux tendances internationales. Abdelkader Salmi a d’ailleurs rappelé que le choix de l’anglais s’impose aujourd’hui dans toutes les grandes compagnies à travers le monde, du fait de sa portée universelle et de sa reconnaissance dans le secteur du transport aérien.
Cette nouvelle politique linguistique pourrait également être un signal adressé aux pays partenaires de la région arabe, avec lesquels Air Algérie cherche à renforcer ses relations commerciales et institutionnelles. En alignant ses pratiques sur celles de compagnies du Golfe ou du Maghreb, la compagnie algérienne entend peut-être renforcer son image dans un espace aérien régional en pleine transformation, où l’identité linguistique joue aussi un rôle dans le positionnement stratégique des acteurs.
Pour les passagers, cette décision entraînera un changement visible mais sans incidence majeure sur l’expérience de vol, dans la mesure où l’anglais reste compris internationalement, et que l’arabe est maîtrisé par une large partie de la clientèle d’Air Algérie. À terme, il restera à voir si cette orientation sera suivie par d’autres modifications dans les services de la compagnie, ou si elle restera limitée à l’édition des billets. En attendant, Air Algérie trace sa route vers une nouvelle ère, où le français, pour la première fois, ne fera plus partie du voyage.
Lire également :
Algériens de France : la Préfecture de Paris fait une annonce réjouissante
« C’est détecté » : le Préfet de Paris met en garde les Algériens
Alerte en Algérie, à cause d’un produit venu de France