Ait Menguellet répond à Marcel Khalife

Ait Menguellet nouvel album

L’émotion et la poésie ont traversé les frontières lors du prime final de l’émission « Alhane wa Chabab » diffusée sur la Télévision algérienne. Cet événement, tenu mercredi soir à l’Opéra d’Alger, dans le cadre des festivités célébrant l’anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, a offert un moment rare et profondément symbolique : la rencontre entre deux monuments de la chanson engagée, l’Algérien Lounis Ait Menguellet et le Libanais Marcel Khalife. Tous deux nés en 1950, Ait Menguellet à Ighil Bouamas, dans le massif du Djurdjura (wilaya de Tizi-Ouzou), et Marcel Khalife au Mont-Liban, partagent une même sensibilité artistique et un même engagement en faveur de la dignité, de la mémoire et de la liberté.

Au terme de cette émission très suivie, où la musique a servi de pont entre les générations et les cultures, Marcel Khalife a tenu à exprimer publiquement son admiration pour son homologue algérien. Dans un message publié sur sa page Facebook officielle, il a écrit : « À Lonisse (Lounis), le gardien de la nostalgie et du souvenir, comme la simplicité d’une chanson. » Ces quelques mots, empreints de respect et de tendresse, ont immédiatement suscité de nombreuses réactions parmi les admirateurs des deux artistes. Ce geste a trouvé un écho immédiat auprès d’Ait Menguellet, qui a choisi de répondre avec la même sincérité et la même profondeur.

Sur sa page Facebook, Ait Menguellet a adressé un message à son confrère libanais, à la fois humble et chargé d’émotion : « À Marcel Khalife, vos mots me touchent profondément. Ils viennent d’un grand artiste que je respecte et admire depuis longtemps. La nostalgie et le souvenir sont peut-être les seules terres où nos chansons trouvent encore refuge. Merci pour cette belle fraternité artistique, simple et sincère, comme la musique quand elle vient du cœur. » Cette déclaration a immédiatement été partagée par des milliers d’internautes, heureux de voir naître une complicité artistique entre deux figures majeures de la chanson poétique arabe.

Cette réponse d’Ait Menguellet n’est pas anodine. Fidèle à sa pudeur et à son style discret, Ait Menguellet a toujours privilégié la profondeur du mot à la longueur du discours. Son échange avec Marcel Khalife a une portée symbolique forte : celle d’un dialogue entre deux consciences, deux poètes que la musique unit au-delà des frontières. Ait Menguellet, connu pour ses textes empreints de sagesse et d’humanisme, a trouvé en Marcel Khalife un miroir artistique, un compagnon d’esprit, un frère de scène qui partage les mêmes valeurs universelles. Leur échange virtuel s’est transformé en un moment d’unité culturelle, rappelant que la chanson, lorsqu’elle est sincère, reste un langage commun entre les peuples.

Le public algérien, très attaché à Ait Menguellet, a accueilli cette correspondance avec une immense fierté. Beaucoup y ont vu la reconnaissance internationale d’un artiste dont la poésie en kabyle a toujours porté les douleurs et les espoirs de son peuple. En évoquant la nostalgie et le souvenir, Ait Menguellet a rappelé que sa musique, tout comme celle de Khalife, reste profondément ancrée dans la mémoire collective. Tous deux chantent la liberté, la dignité, la terre et l’amour, chacun avec son accent, sa langue et sa mélodie.

La rencontre entre Ait Menguellet et Marcel Khalife lors du prime d’« Alhane wa Chabab » restera gravée dans les annales de la culture algérienne. Rarement deux géants de la chanson engagée se sont retrouvés ainsi sur une même scène, dans une atmosphère empreinte de respect mutuel et de fraternité artistique. Ce face-à-face a rappelé que la musique n’est pas seulement un art, mais aussi un message, un héritage transmis entre artistes qui refusent l’oubli.

Au-delà du simple hommage, les mots échangés entre Ait Menguellet et Marcel Khalife témoignent d’une profonde connivence entre deux poètes qui, chacun à sa manière, ont su transformer la douleur en beauté. Les deux hommes incarnent une même philosophie : celle de la fidélité à la mémoire, au peuple, et à la vérité du mot chanté. En France, au Liban ou en Algérie, leurs chansons continuent d’inspirer des générations entières, rappelant que la musique peut encore être une forme de résistance et de communion.