Le dossier du Sahara occidental a connu un nouveau tournant à l’ONU, où le Conseil de sécurité a adopté, ce vendredi 31 octobre, une résolution soutenant le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007. À l’initiative des États-Unis, le texte considère cette proposition comme la « solution la plus réalisable » pour le règlement du conflit, qui oppose depuis près d’un demi-siècle le Maroc au Front Polisario, soutenu par l’Algérie.
Le vote s’est conclu par 11 voix pour, 3 abstentions – celles de la Russie, de la Chine et du Pakistan – et aucune voix contre, tandis que l’Algérie a choisi de ne pas participer au scrutin. Une attitude qui reflète la position constante d’Alger, qui rejette tout plan d’autonomie sous souveraineté marocaine et plaide depuis des décennies pour un référendum d’autodétermination, sous supervision de l’ONU, afin de permettre au peuple du Sahara occidental de décider librement de son avenir.
Dans son contenu, la résolution réaffirme la nécessité d’une solution « politique, juste, durable et mutuellement acceptable », sans imposer de voie unique. Cependant, la mention du plan marocain comme base de négociations a été perçue par certains États membres comme un soutien implicite à la thèse de Rabat. Pour d’autres, notamment les pays qui se sont abstenus, cette approche risque d’écarter la perspective du référendum, qui reste une disposition prévue par les résolutions antérieures de l’ONU sur le Sahara occidental.
Le texte voté vendredi s’inscrit dans la continuité de la reconnaissance américaine de 2020, décidée sous l’administration de Donald Trump, qui avait déjà marqué un tournant diplomatique dans le dossier. Cette décision, accompagnée du rétablissement des relations entre Rabat et Tel-Aviv, avait suscité de vives réactions à Alger et au sein du Front Polisario, estimant qu’elle portait atteinte à la neutralité du processus onusien.
Sur le terrain, la situation reste fragile. Le Front Polisario continue de revendiquer le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et dénonce ce qu’il qualifie de « parti pris flagrant » de certains membres du Conseil de sécurité. Le mouvement, basé à Tindouf, considère que l’ONU doit revenir à l’esprit des premières résolutions qui prévoyaient un référendum, plutôt que de s’aligner sur une vision unilatérale. De son côté, l’Algérie, qui soutient diplomatiquement et matériellement le Front Polisario, estime que la solution durable passe par une consultation populaire libre et équitable.
Les réactions internationales ont été partagées. Tandis que certains pays saluent un pas vers le réalisme politique, d’autres soulignent que cette résolution ne met pas fin à l’impasse. Les abstentions de la Russie, de la Chine et du Pakistan traduisent d’ailleurs une prudence face à une approche jugée déséquilibrée. Le Sahara occidental, rappelons-le, est considéré par les Nations unies comme un « territoire non autonome », en attente de décolonisation.
La question demeure donc entière : cette nouvelle position du Conseil de sécurité rapprochera-t-elle les parties d’un accord définitif, ou contribuera-t-elle à prolonger un statu quo déjà vieux de cinquante ans ? Le soutien affiché au plan marocain peut difficilement masquer les désaccords persistants entre Rabat, Alger et le Front Polisario. Les négociations directes, sous l’égide de l’ONU, restent le seul cadre reconnu pour parvenir à une issue pacifique, mais leur reprise dépendra de la volonté des acteurs de dépasser leurs lignes rouges respectives.
Ainsi, si le Maroc peut se réjouir d’un vote favorable, l’avenir du Sahara occidental demeure incertain. Entre les aspirations d’autonomie défendues par Rabat, les revendications indépendantistes du Front Polisario et la position de principe de l’Algérie, le rôle de l’ONU reste crucial pour éviter que cette question, l’une des plus anciennes du continent africain, ne s’enlise davantage.