Alors que l’Algérie multiplie les efforts pour sortir progressivement de la dépendance économique aux hydrocarbures, elle semble avoir trouvé de nouveaux produits à exporter. Ce jeudi 24 avril, un accord important a été signé à Alger entre le groupe pharmaceutique public Saïdal et la société mauritanienne Chinguitty Pharma, marquant une avancée significative dans la stratégie de diversification des exportations du pays. Cet accord s’inscrit dans une logique économique où la valorisation des compétences locales devient un levier essentiel pour développer d’autres piliers industriels, et notamment celui des médicaments, qui prend aujourd’hui une place de plus en plus stratégique dans la diplomatie économique algérienne.
Ce mémorandum d’entente, paraphé par Souria Sabah, présidente-directrice générale par intérim de Saïdal, et Omar Mohamed Najem, directeur général de Chinguitty Pharma, a été conclu sous le regard attentif du ministre algérien de l’Industrie pharmaceutique, Wassim Kouidri. Il jette les bases d’un partenariat à deux niveaux. Dans un premier temps, il s’agit pour Saïdal d’exporter ses médicaments en Mauritanie, où le groupe mauritanien se chargera non seulement de leur commercialisation, mais également de leur promotion active sur le marché local. Cette première étape vise à installer durablement les produits pharmaceutiques algériens dans les circuits de distribution mauritaniens, en assurant une visibilité suffisante face à une concurrence régionale souvent dominée par des laboratoires européens ou asiatiques.
Mais l’accord va bien au-delà d’une simple relation de fournisseur à distributeur. Il introduit, dans sa seconde phase, une dimension industrielle qui témoigne de l’ambition de Saïdal de jouer un rôle structurant dans l’écosystème pharmaceutique de la région. L’entreprise algérienne s’engage à accompagner Chinguitty Pharma dans ses projets d’investissement, notamment la création d’une unité de production de solutions pharmaceutiques sur le sol mauritanien, ainsi qu’un centre de conditionnement et d’emballage. L’objectif est clair : transformer les produits semi-finis exportés par l’Algérie en produits finis localement conditionnés, ce qui permettrait non seulement de créer de l’emploi en Mauritanie, mais aussi d’alléger les coûts logistiques tout en valorisant le savoir-faire algérien.
Cette approche graduelle, combinant d’abord une présence commerciale puis un partenariat industriel, s’aligne avec les nouvelles orientations économiques algériennes qui misent sur des secteurs à forte valeur ajoutée. Le choix du médicament n’est pas anodin. Il s’agit d’un domaine où l’Algérie possède déjà une infrastructure solide, une expertise croissante et une capacité de production susceptible de répondre aux besoins des marchés voisins. La Mauritanie, quant à elle, offre un terrain propice à ce type de coopération en raison de sa demande croissante en produits de santé et de la volonté de ses autorités d’améliorer l’accès aux soins.
Cette signature représente donc bien plus qu’un simple échange de produits. Elle incarne la volonté de deux pays de bâtir un modèle de coopération Sud-Sud basé sur le transfert de technologie, la complémentarité économique et le renforcement des capacités locales. À travers ce type d’accord, l’Algérie affirme son rôle d’acteur régional capable d’exporter non seulement des biens, mais aussi de l’expertise. Ce partenariat avec Chinguitty Pharma pourrait ainsi devenir un précédent pour d’autres initiatives similaires sur le continent africain, où les besoins en matière de santé restent importants et les opportunités de collaboration nombreuses.
En lançant cette offensive pharmaceutique vers la Mauritanie, l’Algérie envoie donc un message clair : le plus grand pays d’Afrique a d’autres produits à exporter, confirmant ainsi que la diversification de ses exportations est bel et bien en marche.
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