En Algérie, la chasse aux produits importés illégalement, y compris français, bat son plein. Depuis plusieurs semaines, les services de contrôle des directions du commerce dans toutes les wilayas sont à pied d’œuvre pour traquer les marchandises introduites par les voies parallèles, notamment les articles venus de France. Cette opération vise en particulier le « commerce du cabas », un circuit informel très actif, bien connu pour acheminer des marchandises européennes sans passer par les canaux réglementés.
Objectif affiché : protéger les consommateurs algériens de produits dont la traçabilité est incertaine, tout en soutenant la production locale. Les contrôleurs redoublent donc d’efforts pour retirer des rayons des articles qui échappent aux normes de sécurité et de qualité imposées par l’État. Ces dernières semaines, plusieurs saisies ont été effectuées sur des stands de marché, dans des boutiques et même chez certains distributeurs bien implantés. Savons, shampoings, chocolats, produits d’hygiène ou alimentaires… de nombreuses marques françaises sont dans le viseur.
Mais cette pression renforcée semble avoir inspiré des idées inattendues à certains commerçants. Plutôt que de renoncer à vendre ces produits, notamment français, très prisés des consommateurs en Algérie, quelques-uns ont imaginé un stratagème aussi simple qu’audacieux. L’astuce : dissimuler les produits français sous des emballages de marques locales. Des vidéos largement partagées sur les réseaux sociaux révèlent ces pratiques. Sur certaines séquences, on voit par exemple des boîtes de savon de marque Dove — réputée être importée de France — insérées dans des sacs portant le logo d’un équivalent fabriqué en Algérie. Même méthode pour des tablettes de chocolat ou des flacons de soins capillaires, soigneusement reconditionnés pour échapper au regard des inspecteurs.
Les images, souvent tournées discrètement dans les arrières-boutiques, ont fait sourire de nombreux internautes. Mais derrière l’humour apparent, les autorités voient une manœuvre frauduleuse qui pourrait coûter très cher aux contrevenants. Car ce tour de passe-passe ne se limite pas à un simple camouflage : il constitue un double délit. D’une part, la marchandise en question a franchi les frontières sans déclaration officielle ni paiement de droits de douane. D’autre part, la substitution d’emballages revient à induire les clients en erreur sur l’origine des produits achetés.
Ce type de fraude expose les auteurs à des sanctions sévères : lourdes amendes, poursuites judiciaires, voire fermeture administrative des commerces concernés. Les services de contrôle sont désormais avertis de cette nouvelle technique et intensifient leurs inspections en conséquence. Des vérifications poussées sont menées, non seulement sur les étiquetages, mais aussi sur les codes de lot et les fiches de stock. Toute anomalie peut déclencher une enquête.
Pendant ce temps, sur les marchés, le phénomène continue de susciter la curiosité. Les produits français, souvent perçus comme un gage de qualité par une partie des consommateurs, restent très demandés. D’où cette tentation pour certains commerçants de braver les règles, quitte à user de stratagèmes de plus en plus sophistiqués. Mais dans un contexte de surveillance accrue et de tensions économiques, cette petite ruse pourrait bien se retourner contre ses auteurs.
La vigilance reste donc de mise pour les autorités, qui promettent de ne laisser passer aucune infraction. Et si certains commerçants jouent encore à cache-cache avec les inspecteurs, la traque, elle, ne fait que commencer.