L’Algérie avance dans la réforme de son secteur énergétique en décidant de mettre fin aux subventions généralisées sur le prix du gaz naturel pour les acteurs industriels, qu’ils soient nationaux ou internationaux. Cette décision, prise dans le cadre d’un arrêté signé le 13 octobre 2024 par le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a été publiée dans le Journal officiel n°74. Ce changement marque une étape importante dans la gestion des hydrocarbures en Algérie et illustre une volonté de redéfinir le cadre réglementaire du secteur pour s’adapter aux exigences d’un marché en pleine mutation.
Le retrait de ces subventions pour les grandes industries s’inscrit dans la lignée de la loi n° 19-13 adoptée en décembre 2019. Cette loi visait déjà à moderniser le cadre législatif et à introduire davantage de transparence et de compétitivité dans le secteur énergétique. En effet, le ministère souhaite développer un environnement plus flexible et attractif pour les investisseurs tout en recentrant l’octroi de subventions sur les ménages et les petites entreprises.
La réforme introduit des seuils de consommation comme référence pour la négociation des prix du gaz. Pour la période 2025-2026, seules les entreprises dont la consommation annuelle dépasse 200 millions de mètres cubes (m³) pourront négocier les tarifs. À partir de 2027, ce seuil descendra à 100 millions de m³, et en 2029, il atteindra 40 millions de m³, élargissant ainsi le nombre d’entreprises éligibles aux négociations tarifaires. Ce système de seuils vise à encourager les grandes entreprises à optimiser leur consommation tout en leur offrant une liberté de négociation avec les fournisseurs.
Cette approche vise également à attirer de nouveaux investisseurs étrangers en rendant le marché algérien plus flexible et plus transparent. Les entreprises, notamment celles opérant dans des secteurs intensifs en énergie comme la pétrochimie et le ciment, auront ainsi la possibilité de planifier et de gérer leurs dépenses énergétiques de manière plus stratégique. Ce changement pourrait renforcer la compétitivité de l’industrie algérienne sur le marché international, en lui permettant de rivaliser avec des acteurs de régions où la flexibilité des tarifs est déjà pratiquée.
Pour les gestionnaires du secteur, la mise en œuvre de ces nouveaux seuils de consommation implique de se baser sur les données de l’année précédente pour estimer la consommation des clients existants. Quant aux nouveaux clients, leur éligibilité sera évaluée sur la base de prévisions de consommation fournies par les entreprises elles-mêmes. Cette méthodologie vise à garantir une transition fluide et une mise en application équitable de la nouvelle politique tarifaire.
Un point essentiel de cette réforme est qu’elle exclut les ménages et les petites entreprises de toute révision de tarifs. Les subventions sur le gaz naturel, longtemps perçues comme une aide essentielle pour la population, resteront en place pour ces catégories, répondant ainsi aux besoins de la société et des petites structures. Cette distinction entre grands acteurs industriels et consommateurs individuels montre que le gouvernement algérien veut accompagner la transition énergétique tout en minimisant l’impact sur le quotidien des citoyens.
La suppression des subventions généralisées pour les grandes industries pourrait transformer le marché du gaz en Algérie. D’une part, les grandes entreprises auront désormais un intérêt accru à optimiser leurs procédés pour réduire leurs coûts énergétiques. D’autre part, le développement d’un marché libre de négociation des prix pourrait contribuer à diversifier l’économie en attirant des investissements directs dans le secteur énergétique. Dans un contexte où l’Algérie cherche activement à diversifier ses sources de revenus, cette ouverture à un système de prix négociés pour les gros consommateurs industriels pourrait constituer une avancée majeure pour stimuler l’innovation et la productivité.
Alors que le pays s’efforce de limiter sa dépendance aux hydrocarbures tout en dynamisant les secteurs productifs, la réforme tarifaire du gaz s’inscrit dans une vision plus large en Algérie. Elle pourrait également encourager les entreprises nationales à investir dans des technologies de réduction de la consommation énergétique et des énergies renouvelables, notamment pour alléger leur facture énergétique. Avec cette nouvelle politique, l’Algérie montre qu’elle prend au sérieux les enjeux énergétiques et environnementaux, en cherchant un équilibre entre soutien à la compétitivité industrielle et protection des citoyens.
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