Algérie : un imam affirme qu’il ne fait pas de « Fatiha » gratuite

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À Arzew, dans la wilaya d’Oran, une polémique a pris de l’ampleur ce week-end après que des extraits d’un prêche prononcé vendredi 21 novembre par l’imam de la mosquée Aïcha Oum el Mouminine ont circulé sur les réseaux sociaux. Dans ces vidéos, l’imam aborde la question des droits et de la reconnaissance des imams lorsqu’ils supervisent la lecture de la Fatiha lors des cérémonies de mariage en Algérie, suscitant des réactions contrastées dans la société et sur Internet. La Fatiha, rappelait-il, n’est pas un geste anodin, et la manière dont elle est accueillie et accompagnée par les familles devrait refléter le respect dû au rôle de l’imam.

Le point le plus controversé du prêche concerne la compensation matérielle. L’imam a été très direct : selon lui, se limiter à un simple remerciement ne suffit pas, et offrir un geste symbolique ou matériel est une forme de reconnaissance normale pour le temps et l’énergie investis. « Celui qui ne me donne même pas une compensation matérielle, je n’ouvre pas mon Coran et je ne fais pas de prière gratuite pour lui », a-t-il affirmé. Ces propos ont été perçus par certains comme une exigence financière, et ont immédiatement déclenché un débat sur la frontière entre service religieux et rémunération. Pour beaucoup, la phrase résonne comme un rappel que la Fatiha n’est pas gratuite, et que le respect envers l’imam va au-delà des mots.

La polémique s’est intensifiée sur les réseaux sociaux. Certains ont accusé l’imam de “commercialiser” un acte religieux, tandis que d’autres ont insisté sur le fait qu’il soulignait simplement une réalité souvent négligée : les imams consacrent un temps considérable, souvent en dehors de leurs horaires habituels, pour préparer et superviser ces cérémonies. Dans ce contexte, la Fatiha, expliquait-il, mérite reconnaissance et considération, et la compensation – qu’elle soit morale ou symbolique – constitue une manière de valoriser cet engagement.

L’imam a également évoqué une incohérence sociale en Algérie : les familles n’hésitent pas à investir dans les célébrations, les musiciens et les divertissements, mais sont réticentes à offrir un geste, même symbolique, aux imams qui assurent la dimension spirituelle des mariages. « C’est l’appel de Dieu. Payez pour cela comme vous payez pour Iblis », a-t-il lancé, mettant en lumière ce décalage entre dépenses festives et reconnaissance du service religieux.

Face aux réactions, l’imam a publié une seconde vidéo pour clarifier ses intentions. Il a insisté sur le fait que ses propos avaient été mal interprétés et qu’il ne demandait aucun montant précis. Son message visait avant tout à rappeler la bonne conduite à adopter lorsque l’on sollicite un imam en Algérie. La récompense, précise-t-il, est d’abord morale, puis éventuellement symbolique.

Malgré ces précisions, le débat reste vif à Oran et sur les réseaux sociaux. Pour certains, les propos de l’imam mettent en lumière une question sensible sur le statut et la reconnaissance du travail des imams, tandis que d’autres craignent que de telles déclarations ne soient mal interprétées comme une commercialisation de l’acte religieux. La controverse souligne une tension persistante entre tradition religieuse et pratiques sociales contemporaines, et rappelle que la Fatiha n’est pas gratuite, et que le respect envers l’imam doit aller bien au-delà des simples mots.