Algériens, aéroport de Paris Roissy : un nouveau service à 24 euros fait jaser 

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Un nouveau service ferroviaire, dont la mise en service est prévue pour mars 2027, suscite d’ores et déjà de nombreux commentaires, notamment parmi les voyageurs algériens habitués à transiter par l’aéroport de Paris Roissy Charles de Gaulle. Le CDG Express, tel est son nom, promet de relier la gare de Paris-Est directement à l’aéroport CDG en seulement vingt minutes, sans arrêt intermédiaire. Une annonce qui pourrait sembler anodine dans un paysage déjà desservi par le RER B, mais dont l’un des aspects ne passe pas inaperçu : le prix du billet annoncé à 24 euros, un tarif qui ne sera pas intégré au Pass Navigo, l’abonnement mensuel largement utilisé par les usagers des transports en Île-de-France.

Pour les nombreux ressortissants algériens qui empruntent régulièrement l’aéroport de Paris Roissy, que ce soit pour des voyages familiaux, professionnels ou médicaux, ce projet soulève de nombreuses interrogations. Ils sont des milliers à transiter chaque semaine par Roissy, et pour une grande partie d’entre eux, chaque euro compte, notamment lorsqu’il s’agit de gérer les dépenses liées aux longues distances, aux bagages souvent volumineux, ou aux multiples correspondances à prévoir. Le CDG Express, bien qu’annoncé comme une solution rapide, fiable et confortable, apparaît à certains comme une option destinée à une clientèle plus fortunée, une impression renforcée par l’absence d’intégration tarifaire avec les autres réseaux franciliens.

Sur le papier, le projet a tout pour séduire. La liaison se fera toutes les quinze minutes, entre 5 heures du matin et minuit, et sept jours sur sept. À bord, les passagers bénéficieront d’un service adapté aux exigences du transport aérien : des espaces réservés aux bagages, une connexion Wi-Fi, des informations en temps réel sur les vols, le tout dans des conditions de confort pensées pour les voyageurs internationaux. Les personnes à mobilité réduite auront également un accès facilité sur l’ensemble du parcours. Le tout devrait permettre, selon les promoteurs du projet, de désengorger les routes, notamment les autoroutes A1 et A3, souvent saturées, ainsi que de soulager une partie de la ligne B du RER, aujourd’hui fortement sollicitée.

Porté par un groupement composé de SNCF Réseau, du Groupe ADP et de la Caisse des Dépôts, et opéré par Hello Paris, une entité commune à Keolis et RATP Dev, le CDG Express a connu plusieurs retards avant d’être annoncé pour mars 2027. Prévu initialement pour les Jeux olympiques de Paris en 2024, sa réalisation a été freinée par divers recours juridiques, les effets de la pandémie et des considérations liées à l’impact des travaux sur le fonctionnement du RER B. Le projet avait été déclaré d’utilité publique en 2008 puis à nouveau en 2017, illustrant l’ampleur et l’ambition de cette liaison express censée moderniser l’accès à l’un des plus grands hubs aériens d’Europe.

Malgré cela, la question du prix reste au cœur des débats. Le montant de 24 euros a été qualifié par certains de “tarif premium”, voire de “train des riches”, une étiquette qui revient régulièrement dans les discussions sur les réseaux sociaux, dans les tribunes associatives et même dans certaines communes de banlieue où résident de nombreux Algériens. Ce ressentiment s’explique aussi par le fait qu’il n’existe à ce jour aucune mesure compensatoire ou réduction pour les usagers fréquents, les familles nombreuses, ou les titulaires de titres de transport régionaux. Pour un couple avec deux enfants par exemple, le simple aller-retour représenterait une dépense de 192 euros, uniquement pour relier Paris à l’aéroport et inversement.

Dans ce contexte, certains voyageurs passant par l’aéroport de Roissy, dont des Algériens, déclarent déjà qu’ils continueront à privilégier le RER B, malgré ses lenteurs, ses arrêts fréquents et son manque de confort. D’autres envisagent de s’organiser en covoiturage ou de recourir aux navettes privées. Le CDG Express pourrait donc, à terme, devenir un service sélectif, à l’image d’un train réservé à une catégorie de passagers prêts à payer plus cher pour un service rapide et fluide. En attendant son lancement dans deux ans, les débats risquent de continuer, notamment au sein des communautés les plus concernées par cette liaison, à commencer par les voyageurs algériens, très nombreux à considérer Roissy comme leur principale porte d’entrée ou de sortie vers et depuis l’Algérie.

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