À quelques semaines du début des vendanges, le secteur viticole semblait plutôt confiant. La production de vin française devrait dépasser la moyenne des récoltes entre 2018 et 2022, se situant entre 44 et 47 millions d’hectolitres, d’après les prévisions d’Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture. Cependant, une région fait exception à cette tendance optimiste : le sud-ouest de la France, en particulier le Bordelais. Ces territoires ont été frappés par le mildiou, un parasite à mi-chemin entre une algue et un champignon, qui fait chuter les grappes de raisin. « Environ 90% des parcelles du Bordelais ont été touchées, certaines plus gravement que d’autres », explique Christophe Chateau, porte-parole du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux. Les conditions météorologiques marquées par des épisodes pluvio-orageux récurrents et des températures élevées de mai à juin ont favorisé la prolifération de ce parasite.

Bien que le mildiou puisse entraîner des pertes allant jusqu’à 30 ou 40% de la récolte, l’interprofession du vin de Bordeaux ne peut pas encore estimer le volume final des vendanges. « La récolte débutera dans un mois et demi pour les raisins rouges et fin août-début septembre pour les raisins blancs », précise Christophe Chateau. Les conditions climatiques au cours des prochaines semaines joueront donc un rôle déterminant. L’idéal serait une période de temps chaud, suivie de quelques pluies.

Cependant, une récolte moins abondante ne serait pas nécessairement catastrophique. Au cours des dernières années, la consommation de vin a baissé en France, ce qui a conduit à une situation de surproduction et à une baisse des prix. « Nous sommes en situation de surproduction de vin dans le Bordelais (520 millions de bouteilles produites en 2022, ndlr). Si la récolte est moins abondante cette année, cela permettra de réguler les prix et de ne plus brader nos produits », explique le porte-parole. D’ailleurs, plus de 10 000 hectares de vignes, sur les 110 000 que compte le département de la Gironde, devraient être arrachés dans le Bordelais après les vendanges afin de rééquilibrer les tarifs et de limiter les stocks excessifs.

Les risques de pénurie ne sont donc pas à craindre. Cependant, une légère inquiétude subsiste pour les vins blancs (qui représentent 10% du vignoble bordelais). « Il pourrait y avoir des tensions si les vendanges dans tous les pays producteurs sont moins abondantes que les années précédentes », explique Christophe Chateau. En Espagne, par exemple, la sécheresse pourrait impacter la récolte de 2023.

Bien des incertitudes et des questions demeurent. Le monde viticole rappelle son adage : « Tant que la vendange n’est pas dans la cave, on ne sait jamais ce qui peut arriver. »