Après Air Algérie, la FAF et une autre firme mettent une croix rouge sur le Français

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Un tournant linguistique est en marche en Algérie, où plusieurs institutions publiques revoient leur stratégie de communication, marquant ainsi un recul notable du Français dans leurs pratiques officielles. Après l’annonce fracassante d’Air Algérie d’abandonner le français au profit de l’arabe et de l’anglais, deux autres grandes entités nationales emboîtent le pas : la Fédération algérienne de football (FAF) et la Société des eaux et de l’Assainissement d’Alger (SEAAL). Une dynamique qui confirme une tendance lourde, où le Français, en Algérie, perd progressivement sa place dans les documents administratifs, les correspondances officielles, et désormais même sur les factures destinées au grand public.

Le 7 mai, la FAF a transmis une directive formelle à l’ensemble des Ligues de football et aux présidents de clubs, leur ordonnant d’abandonner l’usage du Français dans tous les documents internes. Cette correspondance officielle précise que les procès-verbaux, les décisions des commissions de discipline, les désignations des arbitres ainsi que toute forme de communication devront désormais être exclusivement rédigés en arabe. Cette réforme s’appliquera progressivement avant une arabisation totale des échanges à partir de la saison 2025/2026. Une réforme qui s’inscrit dans le cadre des résolutions du Bureau Fédéral de la FAF réuni le 30 avril dernier. Pour le football en Algérie, l’usage du Français devient donc une pratique en voie de disparition, au profit de la langue nationale.

Dans un autre registre, mais avec une portée tout aussi significative, la SEAAL a annoncé la même date, le 7 mai, le lancement officiel d’un nouveau modèle de facture, désormais établi en arabe et en anglais. La société, en charge de la gestion de l’eau potable dans les wilayas d’Alger et de Tipaza, émettra plus de cinq millions de factures par an dans ce nouveau format linguistique. Le Français, dans cette initiative, est totalement écarté. La SEAAL justifie ce changement par le besoin d’adapter ses services aux standards numériques internationaux et de faciliter la compréhension des données pour les partenaires étrangers. L’anglais, qualifié de « langue des affaires, de la technologie et de l’innovation », est désormais intégré comme langue de travail, soutenu par un programme de formation interne visant à doter les cadres et employés des compétences nécessaires pour cette transition linguistique.

L’Algérie poursuit ainsi une dynamique entamée publiquement par Air Algérie. En avril dernier, Abdelkader Salmi, responsable du département des affaires publiques de la compagnie nationale, avait annoncé une réforme majeure dans les supports de communication de l’entreprise. Désormais, les billets de voyage édités par Air Algérie sont disponibles uniquement en arabe et en anglais. Le Français, utilisé historiquement, n’apparaît plus sur ces documents. Cette démarche, selon Salmi, reflète une volonté d’harmonisation avec les standards internationaux, mais aussi avec les pratiques en vigueur au sein des compagnies arabes partenaires de l’Algérie.

Ce mouvement de fond marque donc une transition linguistique inédite dans plusieurs secteurs clés en Algérie. Alors que le Français occupait historiquement une place prépondérante dans l’administration, les affaires, les transports et les services, il se voit désormais relégué au second plan, voire supprimé dans certains cas.

Pour la FAF, la SEAAL et Air Algérie, il ne s’agit pas simplement d’un changement de langue, mais d’un repositionnement stratégique et identitaire. Le choix de l’arabe comme langue nationale est renforcé, et l’anglais, en tant que langue d’ouverture vers les marchés mondiaux, gagne du terrain. Cette évolution redéfinit les repères traditionnels entre le Français et l’Algérie, surtout quand ce sont des institutions majeures comme celles du sport, de l’eau ou du transport aérien qui mettent une croix rouge sur le Français dans leur fonctionnement quotidien. Et ce sont désormais trois fois plus d’occasions, dans ces structures, de souligner que le Français, en Algérie, n’est plus la langue de référence.