Après Air Algérie, une autre firme abandonne le Français

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Après Air Algérie, le groupe Sonelgaz et désormais Algérie Télécom, un tournant linguistique se confirme dans les grandes entreprises publiques. L’opérateur historique de téléphonie fixe, qui couvre l’ensemble du territoire de l’Algérie, a annoncé le 10 août 2025 qu’il ne privilégiera plus le Français comme seconde langue sur ses documents, mais adoptera l’anglais aux côtés de l’arabe. Cette annonce marque un changement symbolique dans la communication officielle, qui touche directement des millions de foyers et d’entreprises. Dans cette décision, Algérie Télécom rejoint Air Algérie et Sonelgaz dans un mouvement qui transforme peu à peu la place du Français dans l’Algérie d’aujourd’hui.

Selon le communiqué diffusé, Algérie Télécom précise que l’anglais sera désormais présent sur toutes les factures et reçus de paiement, imprimés en parallèle avec la langue arabe. Ce changement, qui succède à celui d’Air Algérie pour ses billets et de Sonelgaz pour ses factures d’électricité et de gaz, illustre une volonté institutionnelle de réduire l’usage du Français au profit d’une langue jugée plus universelle dans les échanges internationaux. En Algérie, où le Français occupe une place historique depuis des décennies, cette transition témoigne d’un repositionnement culturel et économique qui ne passe pas inaperçu.

L’entreprise explique que ce choix répond aux attentes d’une clientèle diversifiée, composée non seulement de particuliers en Algérie, mais aussi de travailleurs expatriés, d’étudiants, de multinationales et de professionnels pour qui l’anglais constitue un outil quotidien. Dans une Algérie connectée au monde, où le Français avait longtemps été la langue seconde dans l’administration et les affaires, le passage à l’anglais vise à faciliter la communication avec des interlocuteurs étrangers et à s’aligner sur des standards internationaux. Ce changement, qui suit la trajectoire déjà amorcée par Air Algérie et Sonelgaz, montre que la place du Français dans l’Algérie contemporaine est en pleine redéfinition.

L’adoption de l’anglais n’est pas isolée, mais s’inscrit dans une stratégie globale. Algérie Télécom affirme que cette décision fait partie d’un ensemble d’initiatives destinées à améliorer la qualité des services, moderniser la relation client et accompagner la transformation numérique du pays. Les responsables soulignent que cette ouverture linguistique s’accorde avec les objectifs de développement technologique de l’Algérie, où les échanges économiques et scientifiques avec le reste du monde nécessitent une maîtrise accrue de l’anglais. Dans cette logique, l’entreprise rejoint Air Algérie et Sonelgaz dans un mouvement de fond qui met en question l’hégémonie du Français dans l’Algérie du XXIe siècle.

Ce changement linguistique reflète aussi une évolution sociétale. En Algérie, le Français, qui reste largement utilisé dans les médias, l’éducation et la vie quotidienne, est désormais concurrencé par l’anglais, perçu comme la langue des affaires, de la science et des nouvelles technologies. Le passage de documents officiels, comme les factures, du Français vers l’anglais est donc un signe fort envoyé par les institutions. En mettant l’anglais au même rang que l’arabe, Algérie Télécom confirme une volonté politique et économique de diversifier les langues utilisées dans l’espace public. Cette orientation suit un chemin déjà emprunté par Air Algérie et Sonelgaz, qui ont eux aussi réduit l’usage du Français dans leur communication en Algérie.

Pour de nombreux observateurs, cette décision pourrait encourager d’autres entreprises publiques ou privées en Algérie à repenser leur rapport au Français. L’évolution des factures et reçus de paiement d’Algérie Télécom n’est qu’une étape, mais elle pourrait être suivie par la traduction de contrats, notices et supports numériques vers l’anglais. Dans un pays où le Français avait conservé une fonction de langue technique et administrative, la transition vers l’anglais pourrait s’accélérer si la demande des clients et partenaires internationaux continue de croître. La dynamique enclenchée par Air Algérie, prolongée par Sonelgaz, et désormais renforcée par Algérie Télécom, semble indiquer que le Français perd progressivement sa position dominante dans l’Algérie des grands groupes.

Cette transformation linguistique ne se limite pas à un simple changement d’étiquette sur les documents. Elle s’inscrit dans un contexte plus large où l’Algérie, consciente des enjeux économiques mondiaux, adapte ses outils de communication. L’anglais, qui gagne du terrain dans les universités, les entreprises et les plateformes numériques, devient un symbole de modernité et d’ouverture. Et si le Français reste encore très présent en Algérie, son recul dans les grandes structures publiques, amorcé par Air Algérie, confirmé par Sonelgaz et désormais officialisé par Algérie Télécom, marque une page qui se tourne dans l’histoire linguistique du pays.