Dans un contexte où les fluctuations des prix mettaient à mal le pouvoir d’achat en Algérie, la question de l’approvisionnement régulier de produits de base comme les bananes est devenue un enjeu de souveraineté alimentaire. L’Algérie, confrontée à une envolée soudaine des prix des bananes, a décidé de frapper fort en optant pour une stratégie peu commune : faire appel à des opérateurs publics pour intervenir sur un marché jusqu’ici largement dominé par des importateurs privés.
Selon le ministre, l’intégration des opérateurs publics dans l’importation de produits stratégiques, notamment le café et les bananes, a permis de stabiliser l’offre, d’assurer une disponibilité constante et surtout de casser la spirale inflationniste. Concrètement, en ce qui concerne les bananes, l’Algérie a confié cette mission à une entreprise publique bien connue dans le domaine, la société « Magros », spécialisée dans la gestion des marchés de gros. Cette structure intervient désormais aux côtés des importateurs privés, mais avec une capacité logistique et une mission de régulation qui devrait progressivement atténuer les effets de la spéculation qui avait récemment enflammé les prix. Pour l’Algérie, les bananes importées dans ce nouveau cadre seront non seulement plus accessibles, mais aussi mieux encadrées.
Cette mesure, qui vise à rétablir un certain équilibre entre l’offre et la demande, s’inscrit dans une logique déjà éprouvée dans d’autres filières. Zitouni a ainsi rappelé l’expérience de l’Office national des céréales, chargé de l’importation des légumineuses. Ce précédent a permis d’endiguer les pratiques de rétention et de stockage illégal, en mettant fin à une instabilité chronique des prix. En reproduisant ce schéma sur le marché des bananes, l’Algérie espère obtenir les mêmes résultats : une distribution fluide, des prix justes, et une moindre exposition aux fluctuations des marchés internationaux.
Dans le même esprit de régulation, le ministre a souligné que les opérateurs privés resteront des acteurs essentiels, à condition de respecter les règles de transparence et de jouer le jeu du marché. Les importateurs qui ont prouvé leur sérieux continueront à exercer, mais sans monopole ni pratiques abusives. L’État entend ainsi reprendre la main sur des secteurs sensibles, sans pour autant marginaliser le secteur privé. Il s’agit donc d’un partenariat équilibré, au service du consommateur algérien.
Parallèlement à cette annonce sur les bananes, l’Algérie renforce également ses infrastructures de contrôle qualité. Tayeb Zitouni a procédé à l’inauguration d’un laboratoire dans la wilaya de Tiaret, dédié à l’analyse des produits alimentaires. Actuellement limité à 600 analyses par an, cet établissement devra multiplier ses capacités pour atteindre 4.000 échantillons analysés chaque année. Une montée en puissance rendue possible grâce à l’arrivée prochaine de nouveaux équipements techniques, destinés à renforcer la fiabilité des contrôles. Cette initiative vise à garantir la qualité des produits, y compris les bananes, que l’Algérie importe désormais sous supervision publique.
Toujours dans la même dynamique, un centre de stockage de céréales d’une capacité de 50.000 quintaux a été inauguré à Sougueur, et un marché couvert mis en service à Ksar Chellala. Le ministre a également visité deux projets d’envergure dans les secteurs de l’élevage de volailles et de la production d’engrais et de matériel d’irrigation agricole. Ces investissements témoignent d’une volonté de construire un écosystème économique solide, capable de répondre à la demande locale et de préserver les équilibres du marché.
Le choix de l’Algérie de faire intervenir des opérateurs publics dans l’importation des bananes n’est donc pas anodin. Cette approche permet de créer un filet de sécurité face aux dérives spéculatives et à l’instabilité des marchés. En assurant une présence publique forte dans les chaînes d’approvisionnement, l’Algérie démontre qu’elle peut garantir à ses citoyens un accès équitable à des produits de première nécessité. Aujourd’hui, le pari semble en voie d’être tenu. Pour les bananes, l’Algérie peut désormais s’appuyer sur une stratégie qui combine autorité, contrôle et efficacité.