Cartes grises pour véhicules en Algérie : la Police frappe fort 

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Un vaste réseau criminel spécialisé dans la falsification de cartes grises et le trafic de véhicules a été démantelé en Algérie après une enquête de grande envergure menée par la police judiciaire de Rouïba, à l’est d’Alger. L’opération a conduit à l’arrestation de treize individus, impliqués dans une organisation aussi bien structurée qu’influente, opérant sur l’ensemble du territoire et entretenant des liens au-delà des frontières.

Tout a commencé, selon le média arabophone Ennahar, avec l’interpellation de deux suspects, identifiés sous les initiales AS et AM. Leur comportement suspect a immédiatement attiré l’attention des autorités. En creusant davantage, les enquêteurs ont mis au jour un trafic de grande ampleur impliquant la falsification de documents administratifs. Grâce à ces manipulations, les criminels réussissaient à établir des cartes grises en double pour des véhicules volés ou introduits illégalement en Algérie.

La fouille minutieuse des lieux fréquentés par les suspects a permis la découverte de cinq cartes grises falsifiées, enregistrées sous différents noms, ainsi que de deux camions qui n’apparaissaient dans aucune base de données officielle, confirmant ainsi leur provenance illégale. L’affaire, déjà grave, a pris une toute autre tournure lorsque les autorités ont mis au jour l’ampleur et l’organisation sophistiquée du réseau.

Les investigations ont révélé une organisation criminelle solidement implantée, avec des ramifications jusque dans certaines administrations. Parmi les treize individus arrêtés, âgés de 28 à 70 ans, figure un ancien employé de la wilaya de Boumerdès, BM, qui aurait joué un rôle central dans la falsification des documents. Ce dernier a reconnu avoir commencé ses activités illicites en 2017, après avoir été contacté par un certain « Hadj M’sili », une figure bien connue du marché noir de l’automobile. Grâce à des cachets officiels obtenus frauduleusement, BM a pu certifier des dossiers falsifiés, permettant ainsi à des véhicules volés ou importés illégalement d’obtenir des immatriculations légitimes.

Entre 2017 et 2018, BM aurait manipulé pas moins de quinze dossiers de véhicules en échange de sommes d’argent conséquentes. En 2021, il aurait été approché par SMA, un autre suspect déjà incarcéré, qui lui aurait confié l’altération de 130 nouveaux dossiers. Ces véhicules, désormais « régularisés » sur le papier, étaient ensuite revendus en toute légalité, souvent à des acheteurs inconscients de la fraude.

Lors des perquisitions, la police a mis la main sur un véritable arsenal du faussaire : des cachets administratifs frauduleux, des imprimantes, des ordinateurs spécialisés et des plaques d’immatriculation prêtes à être apposées sur les véhicules. Treize voitures ont été saisies, dont plusieurs modèles haut de gamme, témoignant des profits colossaux générés par ce trafic. Outre ces véhicules, une somme d’argent en dinars algériens a été confisquée, suspectée de provenir directement des activités illégales du réseau.

L’enquête a également mis en lumière des pratiques de blanchiment d’argent bien rodées. Les criminels ne se contentaient pas de tirer profit de la vente des véhicules frauduleux : ils réinvestissaient leurs gains dans l’achat de nouveaux véhicules, de biens immobiliers et d’autres actifs, afin de masquer l’origine douteuse de leur fortune. Certains membres du réseau ont d’ailleurs utilisé les noms de leurs proches pour immatriculer des véhicules et éviter toute suspicion.

L’un des suspects a avoué percevoir environ 20 000 dinars pour chaque dossier falsifié, un tarif qui n’avait cessé d’augmenter avec la demande croissante pour des documents administratifs authentiques mais obtenus frauduleusement. En plus des cartes grises, il aurait également produit de faux permis de conduire et des certificats de vente truqués, permettant à certains acheteurs de légaliser l’acquisition de véhicules d’origine douteuse.

Face à l’ampleur du scandale, la justice algérienne a ouvert une information judiciaire sous la qualification de crime organisé. Les suspects arrêtés devront répondre de lourdes accusations, incluant la falsification et l’usage de faux, l’usurpation de sceaux de l’État, le trafic international de véhicules et le blanchiment d’argent. Des peines sévères sont attendues, et les autorités poursuivent activement leurs investigations pour identifier d’éventuels complices, notamment au sein des institutions publiques.

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