Le vendredi 21 février, lors de sa visite à Valence, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a été interpellé par un pharmacien du quartier de Fontbarlettes, un échange qui a rapidement pris une tournure inattendue. En présence du maire de Valence et du préfet de la Drôme, Retailleau s’est rendu dans ce quartier pour rencontrer les habitants et commerçants et échanger sur les résultats obtenus dans le domaine de la sécurité, après la mise en place de mesures renforçant la présence policière. Si le ministre se félicitait de cette tranquillité retrouvée, c’est sur un autre sujet que l’un des habitants, pharmacien d’origine portugaise, l’a abordé : l’immigration.
Le pharmacien, visiblement choqué par les propos récents de Retailleau sur l’immigration, a pris la parole avec une certaine émotion. Il lui a fait part de sa déception, soulignant qu’il avait été « blessé » par les déclarations du ministre sur le fait que « l’immigration n’est pas une chance pour la France », ainsi que sur l’idée selon laquelle « on ne peut pas accueillir tout le monde ». Il a expliqué que ces propos l’avaient particulièrement touché, étant lui-même issu d’une famille immigrée, son grand-père étant portugais, arrivé en France à 16 ans avec de faux papiers pour pouvoir travailler. « Il est resté en France toute sa vie, et il nous a inculqué des valeurs », a-t-il raconté, ajoutant que de telles déclarations lui semblaient injustes et stigmatisantes.
Face à cette interpellation, Bruno Retailleau, fidèle à sa ligne politique, a répondu en soulignant que les générations précédentes de migrants, bien qu’ »arrivant en France sans être chez eux », avaient fait de « grands efforts pour apprendre la langue et nos valeurs ». Cependant, il a insisté sur le fait que la situation avait changé, arguant que l’immigration actuelle était « trop massive » et que cela créait des tensions dans des domaines comme le logement, l’école et la santé. « Aujourd’hui, la population immigrée est, pour un tiers, en-dessous du seuil de pauvreté », a ajouté le ministre, soulignant ainsi, selon lui, l’ampleur de la crise.
Le pharmacien n’a pas tardé à réagir. Selon lui, de telles déclarations « divisent » plutôt que de rassembler. « Je pense sincèrement qu’il faut qu’on arrive tous ensemble à se rassembler, et pas à nous diviser. Et quand vous avez dit ça, ça a divisé. Et c’est bête », a-t-il lancé avec insistance. En réponse au pharmacien, Retailleau a réfuté cette idée, répétant à plusieurs reprises que « ça n’a pas divisé », appuyant ses propos sur des sondages récents qui, selon lui, montrent que « 70 % des Français sont d’accord avec moi ». Selon lui, ce que demandent les Français, y compris ceux issus de l’immigration, c’est une maîtrise de l’immigration.
Le ministre a poursuivi en abordant les chiffres précis de l’immigration, évoquant un « demi-million » de migrants par an, dont environ « 50 000 à 60 000 irréguliers », un chiffre qu’il jugeait problématique. « 50 000 sur 70 millions de personnes, on va s’en sortir », a rétorqué le pharmacien avec un sourire, semblant relativiser l’ampleur du problème, tout en soulignant la nécessité d’une approche plus mesurée.
Outre cela, le pharmacien a raconté à Retailleau le cas d’un ami, père algérien, dont le fils a été « arrêté trois fois pour contrôle d’identité » la semaine dernière. « C’est bête quoi », ajoute le pharmacien quinquagénaire. Retailleau a répondu : « le problème, c’est que quand on a une présence de police municipale, police nationale, il y a plus de contrôles, il y a plus de verrouillages, parce qu’il faut occuper l’espace ». «Mais après, il y a une histoire quand même de faciès », réplique le pharmacien.
Au final, cet échange entre le pharmacien et le ministre a illustré la tension qui existe autour du débat sur l’immigration en France. Si le ministre de l’Intérieur défend une ligne dure, arguant que la France doit contrôler l’afflux migratoire pour répondre à des défis sociaux et économiques, le pharmacien a, lui, souligné l’importance de l’intégration et de la solidarité, rappelant que les parcours migratoires, comme celui de son propre grand-père, sont aussi des histoires d’effort et de contribution à la société. Un débat qui semble loin d’être clos.
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