C’est une nouvelle qui marque un tournant dans les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France. Saïd Moussi, l’ancien ambassadeur d’Algérie à Paris, ne reprendra pas ses fonctions dans la capitale de la France. Cette décision a été officialisée par le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, à travers un décret publié dans le Journal officiel le 3 octobre dernier.
Le décret, daté du 14 Rabie El Aouel 1446, soit le 18 septembre 2024, stipule que les fonctions d’ambassadeur de Moussi à Paris sont officiellement terminées depuis le 30 juillet 2024, avec un appel à exercer une autre fonction. D’autres ambassadeurs ont également été remerciés, notamment Chakib Rachid Kaid à Lisbonne et Mohammed Belaoura à Dublin, mais c’est la situation de Moussi qui retient particulièrement l’attention. Il a été annoncé qu’un nouvel ambassadeur sera désigné pour le remplacer dans les plus brefs délais.
Cette décision de mettre un terme aux fonctions de Moussi ne s’inscrit pas dans un vide diplomatique. L’ambassadeur avait déjà connu une situation similaire lorsqu’il était en poste à Madrid, d’où il avait été rappelé en mars 2022, sans qu’un retour ne soit prévu. À cette époque, l’Algérie avait nommé Abdelfettah Daghmoun comme nouvel ambassadeur en Espagne en novembre 2023. Ce précédent laisse présager que le gouvernement algérien pourrait suivre un schéma similaire pour Paris.
Depuis le départ de Saïd Moussi, l’Algérie est sans représentant diplomatique à Paris. Ce vide s’est installé après une réaction immédiate d’Alger, qui a rappelé son ambassadeur suite à la publication, par le Palais royal marocain, d’une lettre d’Emmanuel Macron adressée au roi du Maroc, Mohammed VI. Cette lettre, révélée le 30 juillet, a acté un changement significatif dans la position de la France concernant le conflit du Sahara occidental.
Dans cette correspondance, Macron a affirmé que le plan d’autonomie proposé par le Maroc était « la seule base » pour le règlement de ce conflit. Ce changement de cap a été perçu comme une prise de position claire de la France en faveur de la souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara occidental, une question qui reste très sensible pour l’Algérie.
Le rappel de Saïd Moussi, en tant qu’ambassadeur, a donc été interprété comme un geste de protestation fort de la part d’Alger, qui s’oppose à toute forme de reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. La position algérienne, qui soutient le droit des Sahraouis à l’autodétermination, a été fortement ébranlée par cette déclaration française. Le climat diplomatique entre les deux pays, déjà tendu, est ainsi devenu encore plus délicat.
Les relations entre l’Algérie et la France, qui ont toujours été teintées d’une histoire complexe et souvent conflictuelle, se trouvent aujourd’hui à un carrefour. Le départ de Moussi et l’absence d’un nouvel ambassadeur pourraient compliquer davantage les échanges diplomatiques, alors que les deux pays font face à des enjeux communs tels que la lutte contre le terrorisme, la migration et la coopération économique.
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Au final, le départ de Saïd Moussi ne marque pas seulement la fin d’une mission diplomatique, mais aussi un moment clé dans l’histoire des relations algéro-françaises. Alors que l’Algérie se prépare à nommer un nouvel ambassadeur, la communauté internationale observera de près comment les deux nations géreront leurs différends tout en cherchant des points d’entente. Ce chapitre pourrait être déterminant pour l’avenir des relations entre l’Algérie et la France.