Change, devises – Ces derniers jours, une rumeur enflamme les réseaux sociaux en Algérie : le changement des billets du dinar algérien serait-il officiellement acté ? Depuis le 23 avril 2024, des publications ont circulé en masse, évoquant une prétendue décision prise entre la Tunisie, l’Algérie et la Libye pour imposer une monnaie commune, et donc la fin de la monnaie de chacun des trois pays. Cette supposée mesure aurait été prise lors d’une réunion tripartite entre les présidents des trois pays le 21 avril 2024.
Il est important de remettre les choses en contexte. En effet, le 21 avril dernier, les présidents tunisien Kaïs Saïed, algérien Abdelmadjid Tebboune et libyen Mohamed El Menfi se sont réunis à Tunis. Cette réunion, une première de ce genre excluant la participation du Maroc et de la Mauritanie, a suscité des attentes quant aux décisions qui pourraient en découler.
Cependant, après vérification de la source des publications ainsi que du communiqué officiel de la réunion, aucune mention d’une unification monétaire n’a été trouvée. Le communiqué de presse diffusé à l’issue de la réunion évoque plutôt un accord de coopération et de partenariat à plusieurs niveaux, notamment en matière de sécurité des frontières communes contre les risques de migration irrégulière et de criminalité organisée.
Parmi les points abordés dans le communiqué figuraient également des engagements en faveur de la promotion de projets et d’investissements communs dans divers secteurs, tels que l’énergie, l’agriculture et le développement des régions frontalières. Toutefois, aucune mention n’a été faite concernant une quelconque unification monétaire.
En poursuivant nos recherches, aucun témoignage, déclaration ou article publié avant ou après la réunion n’a corroboré les allégations selon lesquelles les billets du dinar algérien seraient changés en raison d’une monnaie commune avec la Tunisie et la Libye. Il semble donc que cette information soit infondée et relève davantage de la spéculation que d’une décision officielle.
Change euro dinar algérien : un spécialiste met en garde
Dans un autre registre, au cœur des enjeux économiques en Algérie, une mutation majeure se dessine, susceptible de redéfinir le paysage financier. L’expert en économie, Dr Kamel Dib, met en lumière un changement imminent : la possible disparition du marché noir des devises en Algérie, impulsée par une initiative européenne.
Depuis longtemps, les autorités algériennes tentent d’éliminer ce marché clandestin, mais sans succès durable. Malgré les efforts déployés, cette question demeure préoccupante, avec des répercussions majeures sur l’économie nationale. Cependant, une lueur d’espoir émerge, selon les propos de Dr Kamel Dib.
À l’origine de cette prédiction audacieuse se trouve une décision de la Banque centrale européenne (BCE), sous l’égide de sa présidente, Christine Lagarde. Il s’agit de l’introduction prochaine de l’euro numérique, une forme électronique de la monnaie unique européenne, destinée à progressivement remplacer l’usage des espèces physiques.
Dr Dib explique que cette transition vers l’euro numérique pourrait avoir un impact significatif sur l’économie algérienne, en particulier sur le marché noir des devises. En effet, l’adoption généralisée de l’euro numérique en Europe signifierait la fin de l’usage des espèces physiques, rendant obsolètes les transactions clandestines basées sur celles-ci.
« La première répercussion de l’adoption de l’euro numérique sur l’économie algérienne, c’est la disparition du marché noir des devises, en particulier le change de l’euro », prévient l’expert. Selon son analyse, les Algériens ne pourront plus conserver des billets de banque en euros chez eux comme c’est le cas actuellement. Lorsqu’un voyageur entrera au pays avec une somme en euro, elle sera automatiquement transférée sur son compte. « Pour échanger cette monnaie, le processus ne sera possible qu’à travers un change électronique, avec un taux fixé par la banque centrale. Il n’y aura donc plus d’écart entre le change officiel et le change parallèle », souligne-t-il.
L’expert souligne que cette évolution pourrait être inévitable si l’Europe concrétise ses plans, ce qui serait conforme à son approche déterminée. Il estime ainsi que la première conséquence de l’adoption de l’euro numérique serait la disparition du marché noir des devises en Algérie, en particulier pour l’euro. « L’Europe va toujours jusqu’au bout de ses décisions », signale Dr Dib.
Cette transition, si elle se matérialise, marquerait une étape significative dans l’histoire économique de l’Algérie, avec des répercussions potentiellement importantes sur le secteur financier et sur la vie quotidienne des citoyens. Dr Kamel Dib exhorte à anticiper de manière proactive les changements à venir et à s’adapter rapidement aux nouvelles réalités monétaires.
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