Contrats de travail en Europe, asile : des Algériens arnaqués

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Le rêve d’un avenir meilleur en Europe s’est transformé en cauchemar judiciaire pour plusieurs Algériens impliqués dans une affaire d’escroquerie en ligne, promettant des contrats de travail en Europe. À l’issue de leur procès en appel, la cour du tribunal d’Alger a prononcé une peine de 18 mois de prison ferme et une amende de 100 000 dinars à l’encontre de trois accusés, réduisant ainsi leur précédente condamnation à trois années d’incarcération. Deux autres suspects, toujours en fuite, écopent quant à eux d’une peine confirmée de 5 ans de prison ferme.

Le dossier révèle une affaire complexe liée à un réseau structuré opérant principalement via les réseaux sociaux, et plus précisément sur Facebook. Ce réseau attirait les internautes à travers un site internet frauduleux portant le nom évocateur de “Visa britannique garanti”. Sous couvert de prestations liées à l’immigration, ce site proposait aux Algériens, moyennant paiement, des contrats de travail censés être valides au Royaume-Uni, des services de demandes de visa, mais également des démarches pour l’obtention de l’asile politique dans divers pays d’Europe. Ce montage numérique a permis aux membres du réseau d’attirer plusieurs victimes et de leur soutirer d’importantes sommes d’argent.

Les premières alertes ont été lancées par des citoyens qui ont déposé plainte auprès de la Gendarmerie nationale de Bir Mourad Raïs. Une enquête a été ouverte et a rapidement mis à nu l’ampleur de l’arnaque. Au total, sept Algériens, victimes de cette arnaque aux contrats de travail en Europe, ont été identifiées, tous floués par les fausses promesses affichées sur la plateforme numérique. Fait notable : aucune de ces personnes n’a assisté à l’audience, mais leurs témoignages ont été recueillis durant la phase d’instruction.

L’un des plaignants a détaillé son expérience devant les enquêteurs. Il avait découvert le site en 2022 et avait ensuite été contacté via l’application WhatsApp par un individu lui assurant disposer d’opportunités d’emploi en Grande-Bretagne, ainsi que de moyens pour déposer des demandes d’asile politique. Pour accéder à ces “services”, il lui a été demandé de transmettre une copie de son passeport, de sa carte d’identité, et de verser la somme de 7 500 euros, l’équivalent d’environ 1,68 million de dinars algériens. La victime a commencé par envoyer ses documents, avant d’effectuer un premier virement de 220 000 dinars sur le compte postal de l’accusé identifié sous les initiales “S.B”. Il a ensuite été invité par un autre accusé, “B.T”, à transférer le solde sur le même compte.

Les échanges ne se sont pas arrêtés là. Le plaignant a ensuite été mis en relation avec un troisième protagoniste, “D.A”, censé l’orienter vers une agence de voyages située dans la commune d’El Harrach. Le nom de cette agence, “Al Arabi”, figure dans le dossier. Là, une autre somme, cette fois-ci de 1,45 million de dinars, a été remise de main à main. Espérant entamer sa nouvelle vie à l’étranger, la victime n’a pourtant rien vu venir. Lorsqu’il est retourné à l’agence pour exiger le remboursement de ses fonds, il a été informé que des documents de travail pouvaient être “fabriqués” par des personnes établies en Italie, capables de produire des papiers apparemment authentiques mais en réalité complètement falsifiés.

Devant la cour, les accusés ont catégoriquement nié toute implication. Selon eux, c’est un autre homme, actuellement installé en Irlande et frère de l’un des accusés détenus, qui serait le cerveau de l’opération. Ils affirment que ce dernier a fait des promesses de contrats et de visas, utilisant leurs noms ou comptes à leur insu. Ce frère, lui, prétend n’avoir jamais été informé des activités illégales menées à partir d’Algérie. Quant à l’accusé “D.A”, il a indiqué avoir simplement reçu de l’argent sur demande du suspect en cavale, sans avoir connaissance du stratagème frauduleux.

Ce procès met en lumière une nouvelle forme de délinquance numérique exploitant les espoirs d’émigration. À travers une simple page Facebook et un site internet accrocheur, ce réseau a su séduire des personnes vulnérables, prêtes à tout pour quitter leur pays et démarrer une vie en Europe. Les peines prononcées viennent rappeler la gravité de ces délits, alors que les autorités appellent à plus de vigilance face aux offres trop belles pour être vraies qui pullulent sur la toile.