La montée fulgurante de la valeur de l’euro sur le marché noir des devises en Algérie continue de capter l’attention des économistes et des citoyens. En quelques jours seulement, la monnaie unique européenne a enregistré une hausse significative face au dinar algérien, dépassant des seuils déjà élevés. Ce samedi 15 mars, l’euro s’échange contre 252 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente, contre 248 et 252 dinars respectivement la veille. Cette flambée des prix illustre un déséquilibre persistant entre l’offre et la demande, alimenté par plusieurs facteurs économiques et structurels.
La livre sterling n’échappe pas à cette tendance haussière. Sur le marché informel, elle atteint désormais 300 dinars à l’achat et 304 dinars à la vente, marquant une progression notable. Quant au dollar américain, il semble afficher une certaine stabilité par rapport aux autres devises majeures, maintenant sa valeur à 239 dinars à l’achat et 242 dinars à la vente.
En parallèle, les taux de change officiels, fixés par la Banque d’Algérie et appliqués au marché interbancaire, restent bien inférieurs à ceux du marché noir. L’euro s’échange actuellement à 145,05 dinars, le dollar américain à 133,48 dinars, et la livre sterling à 172,86 dinars. Ces écarts vertigineux entre les taux officiels et parallèles témoignent d’un système financier dual, où la rareté de la devise étrangère sur le marché formel pousse de nombreux citoyens et opérateurs économiques à se tourner vers le marché noir pour se procurer des euros ou des dollars.
Malgré les tentatives des autorités pour juguler ce phénomène, la persistance du marché noir des devises en Algérie témoigne d’un besoin non satisfait par le marché officiel. L’absence d’un accès fluide et réglementé aux devises pour les particuliers et les entreprises favorise l’essor de ce marché parallèle, où l’offre et la demande dictent les prix bien plus que les régulations monétaires officielles.
Marché noir des devises : l’euro « va baisser »
Le marché noir des devises en Algérie est en ébullition depuis l’annonce d’une réforme majeure concernant l’allocation touristique. Cette décision gouvernementale, visant à augmenter le montant en devises alloué aux voyageurs, pourrait provoquer un bouleversement des taux de change et modifier la dynamique du marché parallèle. Depuis plusieurs années, l’écart entre le taux officiel et celui pratiqué clandestinement n’a cessé de se creuser, alimenté par une forte demande et une offre limitée sur le circuit légal.
L’initiative vise à réduire la dépendance des citoyens au marché noir en leur permettant d’accéder plus facilement aux devises à un taux officiel. En rendant cette allocation plus attractive et plus accessible, le gouvernement espère freiner la spéculation et atténuer la pression sur les cours informels de l’euro et du dollar. La Commission des finances du Parlement a déjà souligné l’impact potentiel de cette mesure sur la baisse du cours de l’euro sur le marché parallèle, un objectif ambitieux qui suscite autant d’espoir que d’interrogations.
Oussama Arbaoui, président de la Commission des finances et du budget à l’Assemblée populaire nationale (APN), a confirmé que cette réforme a fait l’objet de nombreuses discussions au sein du Parlement. Selon lui, il s’agit d’un premier pas vers une régulation plus efficace du marché des changes en Algérie. Dans une déclaration récente au journal Echorouk, il a félicité l’initiative du ministre des Finances Abdelkrim Bouzred, affirmant que les détails précis de la mise en application seront dévoilés après l’Aïd el-Fitr.
L’un des aspects majeurs de cette réforme concerne la généralisation de l’allocation touristique, qui s’étendra aux voyageurs empruntant la voie terrestre. Cela signifie que les Algériens souhaitant se rendre en Tunisie pourront désormais bénéficier d’un montant en devises similaire à celui accordé aux voyageurs aériens. Cette décision est particulièrement importante, sachant que chaque année, des milliers de familles traversent la frontière pour des séjours estivaux en Tunisie, une destination prisée pour son coût de la vie accessible et sa proximité géographique.
Dans le cadre de cette nouvelle politique, le gouvernement a également annoncé le renforcement des bureaux de change officiels. Des guichets seront installés dans les aéroports, les ports et aux postes-frontières afin d’encourager les citoyens à se tourner vers les circuits légaux. En parallèle, des mesures seront mises en place pour assurer la transparence des transactions et garantir un approvisionnement suffisant en devises étrangères. Cette modernisation du secteur bancaire pourrait constituer une alternative crédible au marché noir, à condition que l’accès aux devises y soit réellement facilité.
L’augmentation de l’allocation touristique s’accompagne aussi d’une revalorisation de l’allocation destinée aux pèlerins. Les candidats au Hajj bénéficieront désormais de 1 000 dollars en devises, une hausse significative qui répond à la nécessité d’adapter ces montants aux réalités économiques actuelles. Cette mesure vise à alléger les contraintes financières des pèlerins algériens, qui devaient auparavant se tourner vers le marché informel pour compléter leurs besoins en devises.
Si cette réforme est saluée par de nombreux experts, des interrogations persistent quant à son impact réel sur le marché noir. Certains analystes estiment que tant que l’accès aux devises via les banques reste limité et soumis à de nombreuses formalités, les circuits parallèles continueront de prospérer. La mise en place d’une allocation plus généreuse ne suffira pas à elle seule à éradiquer un marché noir profondément ancré dans l’économie algérienne, où l’absence de bureaux de change accessibles et compétitifs a toujours été un frein à la régulation du secteur.
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