Voyages et immigration – La polémique continue d’enfler à la suite de l’annonce par la France du durcissement de l’octroi des visas pour les citoyens de plusieurs pays, dont les algériens.
Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal a annoncé hier mardi que son pays avait décidé le durcissement de l’octroi des visas pour la France pour les ressortissants algériens, tunisiens et marocains. Selon le même responsable, cette décision est le résultat de la politique de ces trois pays en ce qui concerne la coopération dans l’expulsion de leurs ressortissants se trouvant en situation illégale dans l’Hexagone. La politique des trois pays du Maghreb sur ce volet « freine l’efficacité des reconduites effectives » des personnes que les autorités françaises ont décidé d’expulser de ce pays européens, a-t-il dit dans un entretien à la radio Europe 1.
« C’est une décision drastique, c’est une décision inédite, mais c’est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France », a expliqué le même responsable.
Durcissement des visas France pour les algériens : la polémique enfle
Le durcissement de l’octroi des visas pour la France aux ressortissants du Maghreb, dont les algériens commence d’ailleurs à faire polémique des deux côtés de la Méditerranée. La première réaction de l’Algérie sur cette décision est venue de la part de son envoyé spécial chargé de la cause du Sahara Occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani. Celui-ci a en effet qualifié la décision des autorités françaises de « disproportionnée » et « malencontreuse ». « La dimension humaine est au cœur des spécificités de la relation algéro-française et du partenariat d’exception qui lie les deux pays. La gestion des flux humains postule une coopération franche et ouverte et elle suppose une gestion commune dans un esprit de partenariat et non pas de fait accompli qui relève de considérations unilatérales propres à la partie française », a-t-il estimé dans des déclarations à l’APS.
De son côté, le président de la Cimade Henry Masson a déclaré que la récente décision des autorités françaises lui inspirait « beaucoup de colère ». S’exprimant sur Franceinfo, le président de cette association d’aide aux migrants a notamment rappelé le principe de libre circulation entre la France et l’Algérie consacré par les accords d’Évian depuis 1962. « Bien entendu cela n’a pas duré longtemps, mais aujourd’hui nous avons une décision qui va tout à fait à l’encontre de cette libre circulation qui avait été remise en cause assez rapidement », a-t-il déclaré. Pour lui, le durcissement de l’octroi des visas pour la France aux algériens est également motivé par « l’application d’une politique européenne qui avait déjà donné lieu à des accords avec le Maroc et la Tunisie. ‘Je te donne plus de visas, mais en même temps tu me donnes des autorisations de réadmissions sur ton territoire de personnes que nous ne souhaitons pas sur le territoire français’ ». « En France, lorsque quelqu’un est en situation irrégulière, automatiquement on prononce une obligation de quitter le territoire français. Ça n’a pas de sens », fait-il remarquer, en estimant qu’« il faut changer très profondément le principe de décision d’expulsion ».
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