L’Espagne met fin au rêve ultime du Maroc

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L’Espagne a mis un terme catégorique à l’ambition du Maroc de prendre le contrôle de l’espace aérien du Sahara occidental, une décision politique qui a été rendue publique mardi et qui risque de raviver les tensions diplomatiques latentes entre les deux pays. Selon l’agence de presse espagnole EFE, la proposition du Parti Populaire (PP), visant à maintenir la gestion espagnole de cet espace stratégique, a été adoptée avec 20 voix contre les 12 exprimées par le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE). Ce vote crucial a définitivement isolé le PSOE et fait échouer son objectif de transférer la gestion de l’espace aérien du Sahara occidental au Maroc.

Ce rejet parlementaire constitue un coup d’arrêt brutal pour le Maroc, qui nourrissait depuis longtemps l’espoir de voir l’Espagne lui confier cette mission hautement symbolique. L’espace aérien du Sahara occidental est contrôlé depuis 1976 par ENAIRE, l’organisme public espagnol, sous mandat de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI). Ce dispositif avait jusqu’ici permis à l’Espagne de conserver un levier stratégique sur cette région disputée, malgré le retrait officiel de son administration coloniale.

Les élus du Parti Populaire, en déposant leur proposition, ont clairement exprimé leur opposition au transfert de ce contrôle. Ils ont notamment mis en garde contre une « violation du droit international » si l’Espagne devait céder cette responsabilité au Maroc. Selon eux, une telle décision aurait constitué une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un territoire encore classé comme non autonome par les Nations unies. L’Espagne, bien que soutenant publiquement une solution politique à ce conflit, continue donc d’adopter une position de prudence vis-à-vis des revendications marocaines.

Ce vote s’inscrit dans un contexte diplomatique tendu, où les relations entre l’Espagne et le Maroc oscillent entre coopération pragmatique et rivalités stratégiques. En début d’année 2023, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, avait lui-même reconnu l’ouverture de discussions avec Rabat pour envisager le transfert de la gestion de cet espace aérien. Cette déclaration avait suscité une vive réaction dans les rangs de l’opposition espagnole, qui y voyait un abandon des responsabilités historiques de l’Espagne dans la région. L’intervention du Parti Populaire, désormais actée par ce vote, marque donc une rupture nette avec la ligne prônée par le gouvernement.

L’Espagne, en refusant de céder à la demande du Maroc, a donc réaffirmé son rôle d’arbitre et de gardien institutionnel dans une région où les équilibres sont extrêmement sensibles. Pour le Maroc, ce revers est d’autant plus significatif qu’il survient à un moment où le royaume cherchait à consolider ses positions diplomatiques, notamment après avoir reçu plusieurs soutiens internationaux sur son plan d’autonomie pour le Sahara. L’Espagne, en maintenant son contrôle sur l’espace aérien, vient cependant rappeler que ce soutien n’est ni unanime ni garanti.

Le vote de mardi vient donc refermer une parenthèse d’optimisme pour les autorités marocaines. Alors que le Maroc espérait, grâce à un rapprochement récent avec l’Espagne, obtenir de nouvelles concessions sur la question saharienne, il se voit aujourd’hui confronté à une barrière institutionnelle solide. En mettant fin aux espoirs du Maroc, l’Espagne réaffirme sa souveraineté technique sur l’espace aérien du Sahara occidental et rejette toute lecture politique qui pourrait être faite d’un éventuel transfert de cette compétence.