Une nouvelle étape se dessine pour les candidats à la nationalité française. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a officialisé ce lundi 5 mai une circulaire envoyée à toutes les préfectures, précisant les critères à remplir pour obtenir la nationalité française. Parmi les annonces phares, l’introduction à compter du 1er janvier 2026 d’un test de culture civique obligatoire. L’objectif : renforcer les exigences d’intégration et de connaissance de l’histoire de France pour tout étranger souhaitant accéder à la nationalité française.
« J’assume de durcir les critères, nul ne peut justifier sa naturalisation sans assimilation », a affirmé Bruno Retailleau depuis la préfecture de Créteil, rappelant que le sentiment d’appartenance est au cœur de la démarche. La future réforme prévoit donc un « examen civique » destiné à évaluer les connaissances des demandeurs sur l’histoire de France, les institutions, ainsi que les principes et valeurs républicaines. Actuellement, un simple entretien en préfecture suffit, sans qu’une note ne soit exigée. Cette formalité va se transformer en véritable épreuve, avec des attentes beaucoup plus précises et mesurables.
Le ministre a rappelé que certaines conditions sont déjà en vigueur, notamment « le respect de la laïcité », « l’exemplarité du demandeur » et l’absence de séjour irrégulier sur le territoire français. La nouveauté majeure repose donc sur l’instauration d’un socle commun de connaissances. Selon le décret de 1993, toujours en vigueur, un candidat doit déjà avoir « une connaissance élémentaire » des « grands repères de l’histoire de France », mais la mise en œuvre pratique était jusque-là très souple. Le futur test devrait formaliser ces exigences, en les traduisant dans un format contrôlable.
Autre pilier de cette réforme : l’insertion professionnelle. « On doit avoir une situation économique d’autonomie pour devenir français », a insisté Bruno Retailleau. « Il faut avoir un CDI ou une certaine somme de CDD sur les 24 derniers mois. » À ses yeux, vivre de manière indépendante, sans dépendre de la solidarité nationale, est une preuve d’intégration concrète. Cette orientation vient renforcer le message déjà porté en janvier par le ministère, lors de la publication d’une précédente circulaire sur les titres de séjour.
L’élément linguistique, lui, reste inchangé. Pour prétendre à la nationalité française, les candidats doivent maîtriser la langue au niveau B1, selon les normes européennes. Cela implique de comprendre un échange dans un français clair et standard, et de pouvoir s’exprimer sur des sujets du quotidien. Cette condition linguistique reste donc indispensable, mais le futur test viendra ajouter une dimension culturelle à l’évaluation.
Le choix de durcir l’accès à la nationalité française intervient dans un contexte où les chiffres sont en forte hausse. En 2024, 66.745 personnes ont été naturalisées, soit une augmentation de 8,3 % par rapport à 2023. Ce rebond s’explique en partie par un effet de rattrapage lié à des difficultés administratives survenues l’année précédente. Néanmoins, cette progression semble avoir alerté le gouvernement, qui souhaite désormais mieux encadrer les procédures.
« On ne peut pas avoir moins de critères pour obtenir un titre de séjour que pour avoir une carte d’identité », a encore souligné Bruno Retailleau, expliquant ainsi la logique globale derrière ce tour de vis. L’examen à venir ne vise pas seulement à filtrer, mais aussi à valoriser les parcours d’intégration réussis, en offrant une reconnaissance à ceux qui connaissent réellement les fondements de la République française.
À l’heure où la nationalité française suscite de plus en plus d’attentes, cette réforme risque de rebattre les cartes. Obtenir la nationalité française ne reposera plus uniquement sur la durée de séjour ou la maîtrise de la langue, mais sur une adhésion démontrée aux valeurs qui structurent la vie en société. Les candidats devront se préparer à démontrer qu’ils partagent ces repères, car l’obtention de la nationalité française, désormais, se mérite aussi par la connaissance et l’engagement.