La Hongrie vient d’adopter une mesure sans précédent dans le but de relancer sa natalité en chute libre. À la tête du pays depuis plusieurs années, le Premier ministre Viktor Orban poursuit sa stratégie nataliste avec une politique familiale axée sur des incitations fiscales massives. Le 29 avril, le Parlement hongrois a voté une nouvelle loi sur la natalité qui ouvre l’exonération fiscale à vie à toutes les femmes, y compris aux Algériennes résidant légalement en Hongrie et ayant au moins deux enfants, contre quatre auparavant. Cette initiative s’inscrit dans une série de réformes démographiques dont l’ambition est de faire face à une population qui diminue, vieillit, et peine à assurer le renouvellement des générations.
Si jusqu’ici seules les mères de quatre enfants ou plus bénéficiaient de cette exonération totale d’impôts sur le revenu, la nouvelle mesure élargit considérablement l’accès à cet avantage. Elle vise d’abord les femmes âgées de moins de 40 ans, avant d’être progressivement étendue à toutes celles âgées de moins de 60 ans d’ici 2029. Ce calendrier progressif, inscrit dans un plan de soutien familial de long terme, montre la volonté des autorités hongroises de créer un environnement favorable à la maternité, à une échelle jamais vue en Europe.
Cette réforme ne se limite pas à l’exonération d’impôts. Elle s’insère dans un programme global d’incitations sociales et économiques. Parmi les autres mesures déjà en vigueur, on note l’accès gratuit aux crèches, des aides à l’achat de logement ou encore des subventions pour acquérir un véhicule familial. Ce programme représente un investissement public de 2,3 milliards d’euros à l’horizon 2029. Viktor Orban a déclaré que malgré le coût financier élevé, cette politique transformerait la Hongrie en « havre fiscal pour les familles ».
Le cœur de cette stratégie est de faire passer l’indice de fécondité hongrois de 1,52 à 2,1 enfants par femme, niveau nécessaire au renouvellement naturel des générations. Pour mémoire, la France est actuellement à un taux de 1,79. La Hongrie, elle, a connu une chute importante de sa population depuis les années 1980. Le pays comptait 10,7 millions d’habitants en 1980 contre seulement 9,59 millions en 2023. Parallèlement, l’âge moyen de la population a augmenté, passant de 40,35 ans en 2012 à 44,80 ans en 2024, illustrant un vieillissement progressif mais constant de la société.
Cette réforme sur la natalité pourrait concerner des milliers de femmes étrangères vivant en Hongrie, notamment des Algériennes. En effet, la communauté algérienne résidant en Hongrie, bien que numériquement restreinte, est concernée par cette politique si elle répond aux critères fixés. L’inclusion de toutes les mères vivant légalement dans le pays, sans discrimination sur la nationalité, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives aux femmes migrantes ou binationale, en particulier celles issues de l’Algérie.
Ce tournant radical s’inscrit aussi dans une ligne idéologique claire portée par le gouvernement de Viktor Orban, souvent qualifié d’ultra-conservateur. Pour lui, renforcer les familles est non seulement une nécessité démographique, mais aussi une priorité politique et culturelle. En se positionnant contre l’immigration comme solution à la baisse de population, le gouvernement privilégie une approche centrée sur les naissances internes, misant sur le développement de politiques nationales robustes.
Malgré cela, certaines critiques s’élèvent, notamment du côté des opposants politiques et de certains mouvements civils. Certains y voient une instrumentalisation de la famille à des fins idéologiques, voire une forme de pression sociale sur les femmes. Parallèlement, l’interdiction récente de la Marche des fiertés par le Parlement hongrois a suscité de vives réactions, accusant le pouvoir d’une dérive autoritaire.
La Hongrie joue ici une carte audacieuse, voire risquée, mais révélatrice de la manière dont certains pays européens cherchent à enrayer la spirale du vieillissement démographique. Alors que d’autres États misent sur l’immigration ou l’équilibre des flux migratoires, Budapest se tourne vers ses citoyennes, en leur proposant un contrat social où la maternité devient un pilier économique. Les femmes algériennes installées en Hongrie, au même titre que d’autres communautés, sont désormais directement concernées par ces choix de la Hongrie sur la natalité qui redessinent les contours de la démographie européenne.