« Fermez-là » : une avocate remonte les bretelles aux Algériens de France

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« Fermez-là », ce n’est pas un titre exagéré, mais bien une citation directe d’une avocate spécialisée en droit des étrangers, visiblement excédée par certaines maladresses récurrentes commises par ses propres clients, notamment des Algériens de France.

Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, l’avocate s’adresse aux Maghrébins établis en France, y compris aux Algériens, de manière frontale : « Apprenez à vous taire. Fermez-là quand vous faites une demande de titre de séjour ou de naturalisation pour ne pas dire n’importe quoi à l’agent. J’ai un client qui s’est vu signifier le retrait de son titre de séjour car il a proposé un cadeau à un agent pendant son entretien de naturalisation ». Ce cri du cœur, lancé sans filtre, vise particulièrement les Algériens de France, nombreux parmi ceux qu’elle défend, et dont les démarches administratives peuvent parfois prendre des tournures aussi involontaires qu’explosives.

L’affaire évoquée dans cette déclaration soulève des implications juridiques bien réelles. En France, un Algérien en situation régulière, titulaire d’un titre de séjour valide de 10 ans, a vu son destin basculer à la suite d’un geste qu’il jugeait sans conséquence. Lors de son entretien de naturalisation, ce dernier a eu l’idée de vouloir offrir un cadeau à l’agent préfectoral chargé d’instruire son dossier. Ce geste, qu’il percevait comme une simple marque de courtoisie, a été interprété par l’administration française comme une tentative de corruption. Immédiatement, une procédure de retrait de son titre de séjour de dix ans a été enclenchée. En plus de cette mesure, un signalement a été transmis au procureur de la République sur la base de l’article 40-2 du code de procédure pénale, qui impose à toute autorité publique de signaler tout acte pouvant constituer une infraction.

Le courrier qu’a reçu l’Algérien est sans ambiguïté. Il évoque une « tentative de corruption d’un agent préfectoral » et annonce l’ouverture d’une procédure visant à le priver de son droit au séjour. Si dans les quinze jours suivant la réception de cette notification, il ne fournit pas des observations écrites claires et appuyées, il risque l’annulation pure et simple de son titre de séjour, suivi d’une expulsion potentielle. Pour couronner le tout, cette situation pourrait déboucher sur des poursuites judiciaires, si le parquet décide d’ouvrir une enquête.

L’avocate, visiblement alarmée par les conséquences de cette affaire, refuse toutefois de divulguer la préfecture impliquée, afin de préserver l’anonymat de son client et éviter de nuire davantage à sa situation. Elle souligne néanmoins la vitesse avec laquelle l’administration française a réagi, en mettant en branle toute une mécanique juridique à partir d’un simple geste d’apparence anodine.

En France, la naturalisation est un processus rigoureux, où chaque mot, chaque attitude, chaque action peut faire pencher la balance. Offrir un cadeau dans ce contexte, même en toute bonne foi, peut être perçu comme une tentative d’influencer une décision administrative. C’est précisément ce que l’administration a retenu dans le cas de cet Algérien, dont la bonne intention initiale a été transformée en élément à charge dans son dossier. Ce malentendu, aussi regrettable soit-il, met en lumière l’écart entre certaines pratiques culturelles et les exigences strictes du droit français.

Cette affaire résonne aujourd’hui comme une mise en garde à tous les étrangers résidant en France et engagés dans des démarches de régularisation ou de naturalisation. La prudence, le silence, et le respect scrupuleux du cadre légal sont plus que jamais essentiels. Car en matière administrative, surtout lorsqu’il s’agit d’un titre de séjour ou d’une demande de nationalité, tout peut basculer sur une parole de trop ou un geste mal interprété. L’Algérien concerné l’a appris à ses dépens. Il pensait offrir un geste de respect, il se retrouve aujourd’hui menacé d’expulsion et confronté à la justice française. Et son avocate, excédée par des cas similaires, n’a eu d’autre choix que de hausser le ton, concluant sans détour : « Fermez-là ».