Le marché automobile algérien traverse une tempête judiciaire et réglementaire sans précédent. Une série de mesures fermes ont été annoncées cette semaine par les autorités, avec à leur tête le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, qui a ordonné aux procureurs généraux du pays de prendre des dispositions strictes contre les pratiques spéculatives dans la vente de voitures, particulièrement ciblées autour du modèle Fiat Doblo Panorama. Ce modèle, produit localement, est devenu en quelques semaines l’objet d’une frénésie spéculative ayant entraîné une flambée soudaine et injustifiée des prix, au point d’attirer l’attention de l’État sur ce qu’il considère désormais comme une menace directe contre la stabilité nationale.
Selon une circulaire envoyée mercredi, le ministre Boudjemaa exige une réaction rapide et rigoureuse de la part des parquets de la République pour mettre fin à ces pratiques. La spéculation sur les voitures n’est plus vue uniquement comme une infraction commerciale, mais comme un acte organisé et prémédité visant à déstabiliser l’ordre public, ce qui fait basculer ces agissements dans la catégorie des crimes organisés, traités par la section antiterroriste et la cellule de lutte contre la criminalité organisée. L’objectif affiché est clair : décourager toute tentative de monopole, notamment sur des véhicules comme la Doblo, dont certains exemplaires se sont retrouvés entre les mains d’intermédiaires qui les revendaient à des prix gonflés, avec des marges atteignant ou dépassant les 100 millions de centimes.
Conformément à l’article 13 de la loi 21/15 relative à la lutte contre la spéculation illicite, les peines encourues dans ce cadre peuvent aller jusqu’à 30 années de réclusion. Cette législation, jusqu’alors peu mobilisée dans le secteur automobile, prend désormais une place centrale dans la stratégie de l’État pour garantir un marché sain et protecteur du consommateur. Devant l’Assemblée populaire nationale, le ministre de la Justice a rappelé que ses services surveillent de près les dynamiques du marché, en coordination avec d’autres ministères, notamment celui de l’Industrie, pour faire respecter la loi et préserver l’économie nationale contre les abus.
En parallèle, le ministère de l’Industrie a annoncé le lancement imminent d’une plateforme numérique dédiée à la surveillance de la vente des voitures produites en Algérie. Cette plateforme, développée en collaboration avec les ministères de l’Intérieur, de la Justice, du Commerce et avec la Gendarmerie nationale, devrait permettre une traçabilité complète des transactions, contribuant ainsi à empêcher la spéculation en temps réel. Une réunion s’est tenue mercredi au siège du ministère de l’Industrie, présidée par le ministre Sifi Ghrib, pour finaliser les modalités de mise en service de cet outil. Ce rendez-vous faisait suite à une première rencontre, lundi, au cours de laquelle des mesures urgentes ont été examinées pour contrer la hausse spéculative des prix de la Doblo Panorama, un modèle phare de la marque italienne Fiat, assemblé localement.
Sifi Ghrib a rappelé à cette occasion que l’État algérien, à travers toutes ses institutions, restait entièrement engagé à protéger les consommateurs contre les pratiques mafieuses qui gangrènent certains marchés sensibles, à commencer par celui de l’automobile. La transparence des opérations de vente est désormais érigée en priorité nationale. Dans cette dynamique, Fiat Algérie, principal concerné par la polémique, a annoncé son engagement total aux côtés du ministère de l’Industrie. À l’issue de la réunion de mercredi, la marque a dévoilé plusieurs mesures concrètes, notamment l’instauration d’un « engagement écrit » que devra signer chaque client au moment de l’achat de son véhicule. Cet engagement stipule que l’acheteur s’interdit toute revente spéculative, directe ou indirecte, de son véhicule.
Fiat Algérie s’est également engagée à fournir, de manière quotidienne, toutes les données relatives aux ventes de ses véhicules Fiat Doblo Panorama aux autorités compétentes. Cette transparence vise à faciliter la détection rapide des anomalies et à couper court à toute tentative de manipulation du marché par des revendeurs ou intermédiaires. En durcissant son dispositif judiciaire et en impliquant les constructeurs dans la lutte contre les pratiques spéculatives, l’Algérie espère ainsi restaurer la confiance des citoyens dans le marché automobile, devenu ces derniers mois le théâtre de toutes les dérives.
Les semaines à venir seront décisives pour jauger l’efficacité de cette offensive judiciaire et administrative. Les spéculateurs, eux, sont désormais prévenus : toute tentative de manipulation du marché pourrait leur coûter très cher… jusqu’à 30 ans derrière les barreaux.
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