Fin du cash en Algérie : la date dévoilée

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L’Algérie vient d’annoncer une décision historique qui marque un tournant décisif dans son paysage économique et financier : la fin du cash d’ici 2028. C’est le gouverneur de la Banque d’Algérie, Salah Eddine Taleb, qui a confirmé l’information lors d’un entretien accordé à l’Agence de presse nationale en marge des assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington. Selon lui, l’Algérie s’apprête à franchir une étape déterminante vers une économie totalement digitalisée, où les paiements en espèces appartiendront bientôt au passé. Ce calendrier précis place la fin du cash au cœur d’une stratégie nationale ambitieuse visant à moderniser le système bancaire, à renforcer la transparence et à lutter contre le blanchiment d’argent.

Dans le détail, la Banque d’Algérie a élaboré une feuille de route complète pour parvenir à cette fin du cash dans les délais fixés. Le pays a déjà entamé la transformation de son écosystème financier en introduisant de nouveaux acteurs et de nouvelles technologies. Salah Eddine Taleb a précisé que la loi monétaire et bancaire récemment adoptée constitue la pierre angulaire de cette réforme. Elle abroge l’ancienne ordonnance de 2003 et met en place un cadre réglementaire inédit, adapté aux réalités économiques et technologiques du moment. Cette loi consacre la création d’un Comité national des paiements, un organe clé chargé d’orchestrer la transition vers un système de paiements 100 % dématérialisé. Selon le gouverneur, cette réforme marque « une évolution majeure, probablement la plus importante qu’ait connue le secteur bancaire depuis plusieurs décennies ».

Cette fin du cash en Algérie ne se résume pas à un simple changement de moyens de paiement : elle symbolise une volonté d’adaptation profonde à un monde économique où la fluidité, la sécurité et la traçabilité des transactions deviennent primordiales. Pour accompagner cette mutation, la Banque d’Algérie ouvre la porte à de nouveaux acteurs : les prestataires de services de paiement (PSP), les banques digitales, les banques islamiques et les banques d’affaires. L’apparition prochaine de la Monnaie numérique de Banque centrale (MNBC) marquera une autre étape importante, en offrant un outil souverain de paiement électronique sécurisé. Selon M. Taleb, la multiplication des textes réglementaires relatifs aux paiements électroniques illustre la détermination du pays à accélérer la digitalisation financière, tout en répondant aux besoins des citoyens et des entreprises.

Mais la fin du cash en Algérie s’inscrit également dans une stratégie de lutte renforcée contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ce chantier est suivi de près par le Groupe d’action financière (Gafi), dont l’Algérie est actuellement sous surveillance. Pour répondre aux exigences internationales, les autorités ont mis en œuvre un plan d’action ambitieux depuis octobre 2024. Deux comités ont été installés : un comité national d’évaluation des risques et un comité de coordination nationale, basé auprès de la Banque d’Algérie, qui réunit les représentants de tous les secteurs concernés. Leur mission consiste à identifier les risques, à mettre en place des stratégies d’atténuation et à renforcer la formation des acteurs bancaires.

Ces efforts ont déjà produit des résultats tangibles. Salah Eddine Taleb a indiqué que les évaluateurs du « Joint Group » du Gafi ont salué les progrès accomplis, une reconnaissance qui ouvre la voie à une sortie prochaine de la liste grise des pays sous surveillance renforcée. Cette avancée montre que la fin du cash en Algérie ne vise pas uniquement la modernisation technologique, mais aussi une meilleure conformité aux standards internationaux.

Sur le plan structurel, le gouverneur de la Banque d’Algérie a tenu à souligner la solidité du secteur bancaire national. Il a rappelé que ce dernier demeure « le segment le plus réglementé de la sphère économique », encadré par des dispositifs de contrôle interne rigoureux, une supervision comptable stricte et un cadre prudentiel évolutif. Ces garde-fous ont permis de préserver la stabilité financière du pays face aux crises économiques successives.

La fin du cash en Algérie représente ainsi bien plus qu’une réforme administrative : elle annonce la construction d’une nouvelle ère économique, fondée sur la transparence, la traçabilité et la confiance. D’ici 2028, les citoyens algériens devraient pouvoir effectuer la majorité de leurs transactions via des outils numériques sécurisés, qu’il s’agisse de paiements mobiles, de cartes électroniques ou de plateformes en ligne. En parallèle, cette digitalisation favorisera une meilleure intégration du secteur informel, une augmentation de la bancarisation et un renforcement de la lutte contre la corruption.