Le tribunal de Chéraga, à Alger, a été ce dimanche le théâtre d’une affaire aussi surprenante que préoccupante, mêlant un chèque, plusieurs milliards de centimes et une disparition qui intrigue encore la justice. Le prévenu, un ressortissant irakien, propriétaire d’une société spécialisée dans le commerce international et le développement de l’investissement, a été jugé par contumace après avoir pris la fuite à l’étranger. L’homme est accusé d’avoir émis un chèque sans provision d’un montant dépassant les deux milliards de centimes, à la suite d’une plainte déposée par un investisseur algérien qui se dit victime d’une escroquerie soigneusement préparée.
Selon les premiers éléments présentés devant la juridiction d’Alger, le plaignant aurait signé avec le ressortissant irakien un contrat visant à développer un projet d’investissement. Le prévenu, à travers sa société basée à Alger, aurait perçu du partenaire algérien la somme de deux milliards de centimes pour financer le lancement et la promotion du projet. Mais peu de temps après la transaction, l’homme aurait quitté le pays, laissant derrière lui un chèque censé garantir la restitution du montant investi. Lors de sa présentation en banque, le chèque s’est révélé sans provision, provoquant ainsi l’ouverture d’une procédure judiciaire.
Lors de l’audience tenue à Alger, la victime, présente à la barre, a raconté avoir cru à une réelle opportunité d’affaires avant de se rendre compte du piège. Selon ses déclarations, le chèque remis par le ressortissant irakien devait symboliser la garantie du partenariat. Mais l’absence de fonds sur le compte a tout changé. L’homme d’affaires algérien affirme s’être retrouvé dépossédé de l’intégralité de ses économies, alors que son associé avait pris la fuite sans laisser d’adresse. Son avocat, s’adressant au juge, a estimé que cette affaire ne pouvait être réduite à un simple dossier de chèque sans provision. Il a insisté sur la dimension frauduleuse du stratagème, parlant même d’une escroquerie à grande échelle.
Toujours selon le conseil du plaignant, l’enquête a révélé que le même ressortissant irakien aurait dupé environ 120 autres personnes à Alger et dans d’autres wilayas, en usant du même procédé. L’avocat a également évoqué l’ouverture d’investigations récentes concernant une tentative de transfert illégal de sept millions d’euros depuis l’Algérie vers la Turquie, sans existence de transaction commerciale réelle. Ces faits, selon lui, confirment la nature organisée et préméditée du comportement du mis en cause, dont la disparition alimente désormais toutes les spéculations.
Devant la gravité de l’affaire, la partie civile a demandé au tribunal d’accepter la constitution de son client comme victime directe et de lui accorder une indemnisation à hauteur de 250 millions de dinars, en réparation du préjudice moral et financier subi. Le procureur de la République, pour sa part, a requis une peine exemplaire de cinq ans de prison ferme assortie d’une amende équivalente au double du montant du chèque en question, estimant que la gravité des faits et leur impact sur la crédibilité des relations commerciales à Alger justifiaient une telle sanction.
L’affaire du chèque frauduleux dépasse aujourd’hui le simple cadre d’un litige entre deux hommes d’affaires. À Alger, elle soulève de nombreuses questions sur la vulnérabilité de certains investisseurs face à des acteurs économiques étrangers peu scrupuleux, opérant dans des domaines sensibles comme le commerce international et le développement d’investissements. L’enquête se poursuit, mais le mystère demeure : comment un homme d’affaires étranger a-t-il pu, à Alger, soutirer des milliards sous couvert de projets prometteurs, émettre un chèque vide de toute provision, puis disparaître sans laisser la moindre trace ?