France – Algérie : « nous sommes revenus au temps des colonies »

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La relation entre la France et l’Algérie traverse une nouvelle zone de turbulences, marquée par des tensions diplomatiques qui rappellent à certains des épisodes du passé colonial. Dans un entretien accordé à France 24 depuis Alger, l’ancien ministre et diplomate algérien Abdelaziz Rahabi n’a pas mâché ses mots en décrivant cette situation comme l’une des crises les plus profondes entre les deux pays depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

« Nous avons le sentiment que nous sommes revenus au temps des colonies », affirme Rahabi, pointant du doigt une attitude jugée condescendante de la part des autorités françaises. Il rejette catégoriquement l’idée que l’Algérie puisse être une question de politique intérieure française et insiste sur l’importance d’un dialogue équilibré et respectueux entre les deux États. « L’Algérie n’est pas une question de politique intérieure française », martèle-t-il, mettant en garde contre toute instrumentalisation du dossier algérien à des fins électoralistes en France.

L’un des points de discorde majeurs reste la question migratoire, notamment les demandes répétées de Paris pour que l’Algérie accepte le retour de ses ressortissants faisant l’objet d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Sur ce sujet, Abdelaziz Rahabi déplore une « exagération » et s’inquiète de l’impact de ce débat en France sur l’image des Algériens. « Le climat politique actuel en France tend à stigmatiser les Algériens en les associant systématiquement à des problématiques sécuritaires », regrette-t-il, appelant à une approche plus nuancée et constructive.

Rahabi ne cache pas sa désapprobation face à la position française sur les accords migratoires de 1968, qui régissent les conditions de circulation et de séjour des Algériens en France. Selon lui, le gouvernement français semble vouloir imposer un rapport de force en remettant en cause ces accords historiques. « Le ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau semble exercer des prérogatives régaliennes de politique extérieure sur ce dossier », critique-t-il, dénonçant une ingérence perçue comme une pression injustifiée sur Alger.

Concernant les accusations selon lesquelles l’Algérie chercherait à « punir » la France en durcissant sa position diplomatique, Rahabi réfute catégoriquement cette hypothèse et évoque plutôt une posture de défense des intérêts algériens face à des prises de position jugées défavorables. Il dénonce par ailleurs le poids de certains cercles nostalgiques de « l’Algérie française » qui, selon lui, influencent encore aujourd’hui la politique étrangère de Paris.

Un autre sujet de friction entre les deux pays concerne le Sahara occidental, où la décision du président français Emmanuel Macron de soutenir le plan d’autonomie marocain est perçue à Alger comme un coup de poignard diplomatique. « Cette position porte plus préjudice à la France qu’à l’Algérie », estime Rahabi, soulignant que ce revirement affaiblit la crédibilité de Paris en tant qu’acteur neutre au Maghreb. Il considère que la France a perdu son rôle d’arbitre et que ce choix risque de lui aliéner une partie de ses partenaires historiques dans la région.

Malgré ces tensions, Abdelaziz Rahabi ne croit pas à une rupture totale entre les deux nations, estimant que la relation entre la France et l’Algérie est trop profonde et trop ancienne pour être brisée par des désaccords conjoncturels. « Je ne pense pas que l’Algérie cherche la rupture avec la France », assure-t-il, soulignant que les deux pays partagent une histoire commune et des liens humains indéfectibles, notamment à travers la communauté algérienne en France. Pour lui, la clé réside dans la volonté politique des dirigeants des deux rives de la Méditerranée à dépasser les tensions et à œuvrer pour un partenariat fondé sur le respect mutuel et des intérêts partagés.

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