La relation entre la France et l’Algérie oscille depuis des décennies entre rapprochement stratégique, tension et crise. Ces crispations, souvent nourries par des différends mémoriels et des calculs politiques, entravent une coopération qui pourrait pourtant être bénéfique aux deux nations. C’est dans ce contexte que la députée Sabrina Sebaihi, membre du groupe Les Écologistes, a publié une tribune dans le média français L’Humanité, proposant des pistes concrètes pour sortir de cette impasse et bâtir une relation apaisée. Son appel repose sur trois piliers fondamentaux : la vérité historique, la reconnaissance et la coopération.
Dans sa tribune, la députée insiste sur la nécessité de mettre fin au cycle de crise qui pèse sur les relations France Algérie. Selon elle, il est impératif de dépasser les clivages hérités du passé pour construire un avenir commun basé sur la confiance et le respect mutuel. « Il est plus que temps de sortir du cycle de tensions permanentes qui empoisonnent les relations entre la France et l’Algérie », écrit-elle, appelant à une approche pragmatique et réaliste. Les crispations mémorielles, qui refont surface à intervalles réguliers, ne doivent plus entraver la marche vers une coopération durable entre les deux pays.
L’un des points clés soulevés par Sabrina Sebaihi concerne le travail de mémoire, qu’elle juge essentiel pour avancer sereinement. Elle souligne en particulier l’importance de reconnaître officiellement les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata. Cet épisode tragique, marqué par une répression sanglante de la part des autorités coloniales françaises, demeure une plaie ouverte dans l’histoire algérienne. Selon la députée, la France doit affronter cette réalité sans détour, sans chercher à minimiser les faits ou à les reléguer au second plan pour des raisons diplomatiques. Une reconnaissance franche de ces événements constituerait un geste fort en faveur de la réconciliation.
Par ailleurs, Sabrina Sebaihi met en avant un autre symbole de la mémoire partagée entre les deux nations : l’émir Abdelkader. Cette figure emblématique de la résistance algérienne, mais aussi du dialogue interculturel, incarne une page d’histoire où l’affrontement a laissé place au respect mutuel. Dans cette optique, la restitution de ses effets personnels conservés en France apparaît comme un acte symbolique fort. Il ne s’agit pas seulement de rendre des objets historiques, mais d’envoyer un message clair : celui d’une volonté d’assumer pleinement l’histoire commune, dans toute sa complexité.
Mais au-delà des enjeux mémoriels, la députée écologiste insiste sur la nécessité de dépasser la crise actuelle entre la France et l’Algérie et de regarder vers l’avenir. Elle rappelle que les nouvelles générations des deux rives partagent bien plus qu’un passé commun : elles ont des liens culturels, familiaux et linguistiques profonds. Dans un monde en pleine mutation, où les crises économiques et géopolitiques se multiplient, la France et l’Algérie ont plus à gagner dans la coopération que dans l’affrontement. L’heure n’est plus aux discours symboliques, mais aux actions concrètes en faveur d’un partenariat équilibré.
En filigrane, cette tribune met en lumière une problématique récurrente : la difficulté des dirigeants des deux pays à dépasser les postures politiques pour œuvrer réellement à un apaisement durable. Les tensions franco-algériennes, souvent exacerbées par des déclarations diplomatiques à l’emporte-pièce, alimentent des malentendus et des crispations inutiles. En appelant à la modération et à la raison, Sabrina Sebaihi plaide pour une approche plus pragmatique, basée sur des engagements clairs et des gestes significatifs.
Son plaidoyer s’inscrit dans une volonté de refonder les bases du dialogue entre Paris et Alger. Alors que la coopération bilatérale est régulièrement mise à l’épreuve par des sujets sensibles – qu’il s’agisse des questions migratoires, des accords économiques ou encore de la mémoire coloniale –, la députée écologiste rappelle que seule une approche sincère et constructive pourra permettre d’envisager un avenir commun serein. Son message s’adresse aussi bien aux responsables politiques qu’aux citoyens des deux pays, dont les aspirations dépassent souvent les querelles institutionnelles.
Dans un contexte où les relations internationales évoluent rapidement, cette tribune résonne comme un appel à la responsabilité. La France et l’Algérie, malgré leur passé tumultueux, ont toutes les cartes en main pour bâtir une relation fondée sur le dialogue et la coopération. Mais pour cela, encore faut-il avoir le courage de regarder l’histoire en face et de prendre des décisions audacieuses. La proposition de Sabrina Sebaihi s’inscrit dans cette dynamique, en mettant en avant des solutions concrètes pour sortir de l’impasse et ouvrir un nouveau chapitre dans les relations franco-algériennes.
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