Les relations entre la France et l’Algérie connaissent une nouvelle zone de turbulence. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé que la France s’apprête à transmettre une liste de ressortissants algériens considérés comme « dangereux » aux autorités algériennes. Cette décision s’inscrit dans un climat de tensions diplomatiques, marqué par des désaccords sur la gestion des expulsions et la coopération bilatérale en matière de sécurité.
Dans une déclaration faite sur BFMTV le 3 mars dernier, Bruno Retailleau a affirmé que le gouvernement français avait procédé au recensement de plusieurs centaines de personnes présentant des profils jugés préoccupants. Il a cependant nuancé cette estimation en expliquant que tous ces individus ne représentaient pas le même niveau de dangerosité. « Ils n’ont pas tous la même dangerosité, mais ces gens-là, nous allons les présenter aux Algériens. Ce sont des gens dont il est établi qu’ils sont des ressortissants algériens, ce sera l’épreuve de vérité », a déclaré le ministre.
Ce vendredi 14 mars, la liste définitive, qui comporte soixante noms, devait être officiellement transmise aux autorités algériennes, selon BFM TV. L’enjeu est de taille pour Paris, qui attend une réponse claire d’Alger sur sa volonté de reprendre ces individus expulsés de France. Parmi les profils recensés, certains sont considérés comme radicalisés et figurent sur des fichiers de surveillance antiterroriste, tandis que d’autres sont impliqués dans des troubles à l’ordre public. « Il n’y a pas plusieurs centaines d’Algériens qui juxtaposeraient ces deux profils-là. Ils ont commis des troubles à l’ordre public ou figurent dans notre fichier de radicalisés terroristes », a souligné Bruno Retailleau.
Il est à noter que, l’affaire a pris une tournure encore plus sensible après l’attentat survenu à Mulhouse le 22 février dernier, où un homme d’origine algérienne, souffrant de troubles psychiatriques, a été mis en examen pour tentative d’acte terroriste. Ce cas a été cité en exemple par le ministre, qui a insisté sur la nécessité pour l’Algérie de respecter ses engagements en matière de réadmission de ses ressortissants expulsés.
France : Bruno Retailleau menace les Algériens
Lors d’un déplacement à Écully, dans le Rhône, ce vendredi, Bruno Retailleau a renforcé son discours en expliquant que cette transmission de liste représentait une sorte de « dernière chance » pour les responsables algériens de montrer leur bonne foi. « Cette liste sera un moment de vérité : ou bien l’Algérie accepte de respecter ses obligations, ou bien, si elle ne le fait pas, nous mettrons la stratégie que nous avons décidée, d’une riposte graduée qui peut aller jusqu’à la remise en cause de l’ensemble de nos accords », a-t-il prévenu.
Ce ton ferme s’inscrit dans la stratégie de riposte graduée évoquée par le gouvernement français, qui entend exercer une pression diplomatique si Alger refuse d’accueillir les expulsés. Cette stratégie pourrait aller jusqu’à la révision des accords bilatéraux entre les deux pays, notamment ceux liés à l’immigration et aux visas. « C’est un principe de respect mutuel », a insisté Retailleau, rappelant que la France ne pouvait se permettre de reproduire un scénario similaire à celui de Mulhouse.
Cette situation intervient dans un contexte où les tensions entre Paris et Alger ne cessent de s’accumuler. Dernièrement, le consulat d’Algérie à Nice a annoncé qu’il rompait ses relations avec la ville, une décision qui a suscité de vives réactions du maire Christian Estrosi et du président du conseil départemental Éric Ciotti, tous deux appelant à une position plus ferme vis-à-vis des autorités algériennes.
En parallèle, un fonctionnaire du ministère de l’Économie et des Finances (Bercy) a récemment été mis en examen pour espionnage au profit de l’Algérie, une affaire qui a encore accentué la méfiance entre les deux États.
La transmission de cette liste marque donc un tournant dans la politique française en matière d’expulsions et pourrait constituer un test décisif pour les relations franco-algériennes dans les semaines à venir. Reste à savoir si Alger acceptera de coopérer ou si la situation conduira à une nouvelle crise diplomatique entre les deux pays.
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