Immigration – Algérie visas et voyages – Une démarche inattendue du gouvernement français a suscité un sentiment d’humiliation parmi les médecins algériens exerçant en France.
En juin dernier, le ministère de l’Économie français, sis à Bercy, avait annoncé son intention de renforcer le contrôle des arrêts maladies, qui avaient augmenté de 30% selon le ministre par rapport à il y a dix ans. En ce début du mois d’août, près de 5 000 médecins, parmi lesquels des médecins algériens, ont reçu une demande d’entretien de la part de l’Assurance maladie en France.
« Cère consœur, je vous propose un temps d’échange au sujet des prescriptions d’arrêts de travail. Cet entretien vous sera proposé par téléphone », tel est le courriel envoyé par l’Assurance maladie à une médecin algérienne exerçant à Lyon, une correspondance qui a laissé un goût amer chez la professionnelle de la santé. L’Assurance maladie a lancé cet été une campagne visant à contrôler les médecins qui prescrivent le plus d’arrêts maladies. En 2022, la France a enregistré 8,8 millions d’arrêts maladies, soit une augmentation de plus de 30% par rapport à il y a dix ans, où le chiffre était de 6,4 millions.
L’année 2022 a également vu les coûts des arrêts maladies s’élever à environ 14 milliards d’euros pour l’Assurance maladie. Cette augmentation des coûts a poussé Bercy à demander des comptes. Les lettres d’invitation aux entretiens ont été envoyées et les médecins dénoncent une « chasse aux sorcières » inopportune dans un contexte de fatigue généralisée.
Cette médecin algérienne fait partie des 5 000 praticiens en France qui ont reçu une demande d’entretien. « J’ai reçu un courriel car ma moyenne de prescription d’arrêts maladies est supérieure à celle de mes collègues du département », explique-t-elle. Elle souligne que cette démarche a été extrêmement humiliante, car elle se sent considérée comme un médecin atypique qui prescrirait des arrêts maladies de confort. Elle affirme que depuis la pandémie de Covid-19, elle a constaté une augmentation des souffrances au travail, avec presque une consultation par jour liée à des problèmes tels que le burn-out, le harcèlement ou les troubles musculo-squelettiques liés au travail. Elle rapporte que plusieurs de ses collègues sont dans la même situation.
Son entretien avec l’Assurance maladie est prévu pour début septembre. En attendant, elle se sent sous surveillance, mais elle reste déterminée à continuer de prescrire des arrêts maladies autant que nécessaire. « Je ressens du stress, de l’inquiétude et de l’humiliation en arrière-plan, mais cela ne me poussera pas à modifier mes prescriptions. Si je risque une mise sous objectif, je refuserai », déclare-t-elle.
La mise sous objectif serait la prochaine étape. Cette procédure s’applique à près d’un millier de médecins généralistes et impliquerait de leur imposer une baisse chiffrée du nombre d’arrêts maladies prescrits. En cas de refus, les médecins pourraient être soumis à une mise sous accord préalable, ce qui signifierait que chaque arrêt maladie devrait être revu et validé par les équipes de l’Assurance maladie. De son côté, l’Assurance maladie nie toute « chasse aux sorcières ». Selon le directeur de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, il s’agit d’une minorité de médecins qui ne respectent pas les règles.
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