Le 1er mai n’est pas qu’un simple jour férié, c’est aussi une source de crispation pour les boulangers, notamment les Algériens établis en France, très présents dans ce secteur, qui risquent une amende. Ce jour-là, la loi interdit aux employeurs de faire travailler leurs salariés, le secteur de la boulangerie n’étant pas reconnu comme “essentiel” par les textes. Résultat : toute infraction peut coûter très cher. RMC a révélé que cinq boulangers seront bientôt jugés pour avoir enfreint cette règle en 2024. Une épée de Damoclès qui plane désormais sur tous les professionnels du pain.
Ce qui choque particulièrement ces professionnels, y compris les Algériens de France, c’est la sévérité de l’amende encourue : 750 euros d’amende par salarié employé illégalement le 1er mai. Et pire encore, si le travailleur est un apprenti de moins de 18 ans, l’amende grimpe à 1500 euros. Des montants colossaux pour un secteur déjà fragilisé par la hausse des prix des matières premières, des charges sociales et de l’énergie. Certains boulangers, notamment ceux issus de l’immigration algérienne, installés depuis des années en France, peinent à garder la tête hors de l’eau. Pour eux, le 1er mai représente une journée où les ventes sont importantes, les clients nombreux, et les pertes en cas de fermeture particulièrement lourdes.
« C’est un jour où on fait beaucoup de chiffre. Si on ferme, c’est un vrai manque à gagner », déclare Gaël Mollé, artisan boulanger dans les Yvelines, au micro de RMC. Il insiste : avec l’explosion des charges, ils n’ont plus le luxe de fermer boutique, même un seul jour. Or, la législation les empêche de faire travailler leurs employés, même si ces derniers sont d’accord pour venir. Un non-sens total pour bon nombre de boulangers qui vivent de leur passion et de leur dur labeur.
Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française, partage cette indignation. Il martèle que les boulangeries devraient être considérées comme essentielles, comme cela a été le cas durant la crise sanitaire. Il pointe également l’hypocrisie du système : « Le salarié est payé au moins double, les clients ont leur pain, et les entreprises du secteur génèrent 70 millions d’euros avec 10 millions de taxes pour l’État », explique-t-il à RMC. En somme, tout le monde y gagne… sauf quand la loi vient interdire l’activité. Lundi dernier, Dominique Anract a d’ailleurs été reçu au ministère du Travail pour tenter de faire bouger les lignes. Il assure que des décisions “seront prises”, mais pour le moment, aucune évolution n’est officielle.
Pour les professionnels algériens qui tiennent de nombreuses boulangeries à travers la France, notamment en région parisienne, la situation est perçue comme une injustice. Ces artisans, souvent installés depuis plusieurs générations, représentent une part importante du tissu économique local. Ils perpétuent une tradition française avec un savoir-faire parfois hérité du bled, enrichi et transmis de père en fils. Être privés de cette journée clé du 1er mai revient à les priver d’une bouffée d’oxygène financière dans un climat déjà asphyxiant.
Certains choisissent malgré tout de prendre le risque, espérant passer entre les mailles du filet. Mais la multiplication des contrôles et les procès en cours laissent peu de place à l’improvisation. Le message des autorités est clair : tolérance zéro. D’ailleurs, les exemples des boulangers convoqués prochainement devant la justice devraient servir d’avertissement à l’ensemble de la profession.
En attendant un possible changement de statut du secteur, les boulangers, algériens ou non, sont contraints de choisir entre la légalité et la survie économique. Et les clients, eux, risquent de se retrouver face à des vitrines closes, à moins d’avoir eu la prévoyance de congeler quelques baguettes. Une situation ubuesque dans un pays où le pain est un symbole aussi puissant que la liberté. Mais cette liberté, pour les artisans du fournil, semble suspendue à une décision politique encore attendue.
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