France : il écope d’une OQTF alors qu’il prépare son doctorat

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En France, les ressortissants étrangers sont régulièrement confrontés à des décisions administratives sévères, et l’obligation de quitter le territoire français, connue sous l’acronyme OQTF, reste l’une des plus redoutées. Pour Nader Ayache, doctorant tunisien en France depuis 2015, cette mesure frappe à un moment crucial de sa vie professionnelle et personnelle, alors qu’il s’apprête à soutenir sa thèse de doctorat début 2026.

La situation de Nader illustre les défis auxquels font face de nombreux étudiants étrangers : confronté à une OQTF malgré un parcours académique remarquable, il se retrouve dans une impasse administrative. Réalisateur de plusieurs courts-métrages dont Renaissance, primé et sélectionné aux Césars 2025, Nader allie recherche académique et création artistique. Mais son engagement culturel et scientifique ne lui garantit pas l’exception au regard de la réglementation française. L’OQTF dont il fait l’objet complique ses démarches et menace non seulement ses études mais également son intégration en France.

Depuis l’émission de cette OQTF, Nader a multiplié les recours. Ses premières démarches devant la préfecture de Paris n’ont pas abouti. Il a ensuite saisi le tribunal administratif puis la Cour administrative de Versailles. Chacune de ces instances a confirmé la mesure, laissant le jeune doctorant face à une OQTF qui pourrait l’expulser vers la Tunisie, interrompant brutalement ses projets académiques et sa carrière artistique. Devant cette situation, Nader a choisi une démarche symbolique : installer une tente devant le Centre National du Cinéma à Paris et entamer une grève de la faim, attirant l’attention sur ce qu’il qualifie d’injustice pour lui et pour d’autres étudiants étrangers frappés par une OQTF.

Il explique que quitter la France serait un second exil. Après dix ans de vie en France, huit années passées sans titre de séjour stable et loin de sa famille, il redoute de perdre tout contact avec ses proches, son réseau académique et son milieu professionnel. La mesure administrative prend donc pour lui une dimension dramatique, bien au-delà de la simple procédure légale. Nader plaide désormais pour une admission exceptionnelle au séjour et entend porter son dossier devant le Conseil d’État, afin de contester une OQTF qui, selon lui, ne prend pas en compte sa situation particulière de doctorant et de créateur reconnu.

Cette affaire soulève un débat plus large sur les OQTF en France. En 2023, plus de 400 000 OQTF ont été émises, souvent envers des personnes qui, comme Nader, ont développé un projet de vie concret sur le territoire français. Le cas de ce doctorant tunisien met en lumière la tension entre la politique migratoire stricte et les réalités académiques et culturelles. L’OQTF, destinée à réguler l’immigration, se heurte ici aux ambitions professionnelles et au parcours exceptionnel d’un étudiant international.

Alors que la communauté académique et artistique suit de près son dossier, Nader Ayache incarne le conflit entre réglementation administrative et droits des individus. L’issue de sa lutte pour la suspension ou l’annulation de son OQTF pourrait servir de précédent pour d’autres étrangers en France, démontrant la complexité et parfois l’inflexibilité du système. Entre grève de la faim et recours juridiques, le jeune doctorant continue de se battre pour son avenir, conscient que chaque décision administrative pèse lourdement sur sa vie et sa carrière, tout en restant dans le cadre légal français.