Né à Oran en Algérie et naturalisé franco-algérien, Sofiane Selmouni, âgé de 35 ans, ancien champion de France du 1 500 mètres en salle, est aujourd’hui au cœur d’une affaire judiciaire aussi brutale qu’inattendue. Le 12 février dernier, dans la commune de Rixheim, près de Mulhouse, le nom du sportif a basculé des pages de résultats sportifs aux colonnes des faits divers. Ce jour-là, un cambriolage d’une rare violence a été perpétré dans le domicile d’un retraité de 82 ans. L’agression aurait été causée, selon les premières conclusions de l’enquête, par une erreur de cible. Sofiane Selmouni aurait visé un autre logement, qu’il croyait vide, avant de s’introduire par inadvertance dans celui de l’octogénaire.
Une fois à l’intérieur, le scénario a rapidement dégénéré. L’ancien athlète, selon ses propres aveux, aurait ligoté et menacé le vieil homme à l’aide d’une arme, le maintenant sous contrainte durant plusieurs minutes. Pendant que la victime était neutralisée, l’intrus aurait inspecté l’appartement qu’il avait initialement ciblé, à la recherche d’objets de valeur. Malgré son âge et le choc, le retraité est parvenu à se libérer et à alerter les forces de l’ordre. Ce témoignage crucial a permis aux enquêteurs de rapidement identifier le suspect. Pourtant, Sofiane Selmouni a réussi à prendre la fuite, entamant alors une cavale de près de deux mois.
Durant cette période, l’homme a vécu caché dans sa voiture, sans adresse fixe, tentant d’échapper aux recherches actives lancées contre lui. Il a finalement été interpellé le 2 avril et immédiatement placé en garde à vue. Au cours de son audition, l’ancien champion a reconnu sans détour les faits qui lui étaient reprochés, confirmant son implication dans le home-jacking. Cette confession a scellé son sort : il a été mis en examen par le parquet de Mulhouse et écroué dans le Haut-Rhin.
Mais cette affaire ne s’arrête pas là. En parallèle de l’accusation principale de cambriolage avec violence sur une personne vulnérable, une enquête a été ouverte pour escroquerie. Le parquet s’interroge sur la possibilité que Selmouni ait pu être impliqué dans d’autres affaires similaires, visant à identifier d’éventuelles victimes supplémentaires. L’image d’un homme en chute libre se dessine alors, loin du sportif déterminé qu’il avait été sur les pistes.
Ce qui rend cette affaire d’autant plus marquante, c’est le passé de l’accusé. Car Sofiane Selmouni n’est pas un inconnu du monde du sport. En 2017, il remportait le titre de champion de France du 1 500 mètres en salle, s’imposant comme l’un des coureurs les plus prometteurs de sa génération. Entre 2014 et 2017, il enchaînait les performances et se hissait régulièrement sur les podiums, que ce soit à l’échelle nationale ou lors de compétitions européennes. Sa trajectoire semblait toute tracée vers une carrière riche en médailles.
Pourtant, dès 2019, le coureur quitte les stades. Il tente une reconversion avec la création d’une start-up baptisée Squarechamps, un projet lancé avec l’un de ses proches. Mais l’initiative, bien qu’ambitieuse, s’effondre rapidement, faute de stabilité financière et de soutien commercial. C’est le début d’une période d’instabilité marquée par des difficultés économiques, une perte de repères, et un éloignement progressif du monde de l’athlétisme.
Cette lente dégringolade, peu médiatisée jusqu’ici, a désormais éclaté au grand jour. Le nom de Sofiane Selmouni reste gravé dans l’histoire de l’athlétisme français pour ses exploits sur piste, mais il risque désormais de rester aussi associé à une affaire pénale grave. Alors que l’enquête suit son cours, les autorités cherchent à faire toute la lumière sur l’ampleur réelle de son implication dans d’éventuelles autres infractions. En attendant, celui qui représentait autrefois l’espoir sportif d’une génération se retrouve enfermé, faisant face à la justice et à un avenir des plus incertains.
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