Le marché du travail en France traverse une période difficile, marquée par une évolution inquiétante du chômage qui pourrait affecter particulièrement les Algériens, nombreux sur le territoire français. Alors que le taux de chômage est resté stable à 7,3% à la fin de l’année 2024, les prévisions pour 2025 et 2026 annoncent une dégradation de la situation. La Banque de France anticipe une hausse du chômage à 7,8% en 2025 et 2026, tandis que l’OFCE va encore plus loin, prévoyant un taux de 7,9% à la fin de 2025, avec une possible atteinte de 8,5% d’ici fin 2026. Ce contexte incertain, combiné à une conjoncture économique fragile, pèse particulièrement sur les travailleurs étrangers, dont de nombreux Algériens qui, historiquement, ont joué un rôle clé dans divers secteurs de l’économie française.
Les prévisions économiques sont préoccupantes. Selon le centre de recherche en économie de Sciences Po, près de 200 000 emplois pourraient être supprimés en France entre 2025 et 2026, en raison de la faible croissance économique, de la réduction des politiques de l’emploi, et du nombre élevé de faillites d’entreprises. En effet, les plans sociaux se multiplient ces derniers mois. Un exemple frappant est celui d’Arcelormittal, qui prévoit de supprimer 600 postes sur sept de ses sites dans le nord de la France, un secteur déjà éprouvé par la crise.
Le marché de l’emploi semble avoir commencé à se dégrader dès le début de 2023. Pendant la pandémie de Covid-19, de nombreuses entreprises avaient embauché massivement, soutenues par les aides gouvernementales. Cependant, ces dispositifs ont pris fin début 2023, et les entreprises, qui ont connu des difficultés financières en raison de la faible croissance économique, ont commencé à réduire leur volume de recrutements. Selon les chiffres d’Indeed, le volume d’annonces d’emploi a chuté de 197 fin 2022 à seulement 129 au mois d’avril 2025, bien que ces chiffres restent supérieurs à ceux de la période pré-Covid.
Certains secteurs continuent de recruter, mais cela reste limité et souvent dans des domaines pénibles et mal rémunérés. Le secteur de la santé, du nettoyage et de la restauration continue de proposer des offres d’emploi, mais ces postes sont difficiles à pourvoir en raison des conditions de travail difficiles. En revanche, les métiers dits de « cols blancs », souvent basés dans des bureaux avec des possibilités de télétravail, deviennent de plus en plus compétitifs, avec des candidats de plus en plus nombreux pour chaque offre.
Le nombre de projets de recrutement suit une tendance similaire. Selon l’Apec, les recrutements de cadres ont baissé de 8% en 2024, et cette tendance se poursuivra avec une baisse estimée de 4% en 2025. Les intentions de recrutement, mesurées par France Travail, ont chuté de 12,5% en 2025, atteignant un niveau similaire à celui d’avant la crise sanitaire. Pour certains experts, cela signifie un début de « retournement » du marché du travail, une situation qui est perçue comme un ralentissement par d’autres, notamment en raison des tensions géopolitiques et de la guerre commerciale.
Ce retournement du marché du travail crée un climat d’incertitude pour les chercheurs d’emploi, particulièrement pour les jeunes diplômés. De nombreux nouveaux diplômés algériens expriment leurs inquiétudes, quant à un éventuel chômage en France, sur les réseaux sociaux. Imane, une jeune diplômée algérienne en chimie, a témoigné de sa frustration : « Je suis diplômée en chimie depuis plusieurs années, j’ai tapé à toutes les portes, mais je n’ai rien trouvé. » Constatant qu’il était difficile de trouver un poste stable, elle a été contrainte de changer son statut, passant de celui d’étudiant à celui de commerçant pour tenter de subvenir à ses besoins. Imane n’est pas seule dans cette situation. De nombreux jeunes diplômés algériens se trouvent dans la même position, subissant la dureté du marché du travail, et sont contraints de chercher des solutions temporaires pour faire face à cette incertitude professionnelle.
Les tensions sont également visibles dans les offres salariales. Selon les données d’Indeed, les salaires nets en 2025 sont inférieurs de 5% par rapport à 2020, ce qui pèse sur le pouvoir d’achat des travailleurs, en particulier ceux venant de l’étranger. Cette baisse des salaires et la raréfaction des opportunités d’emploi créent une pression supplémentaire sur les chercheurs d’emploi. Selon un sondage Ifop réalisé en juin 2024, 22% des actifs ont peur de perdre leur emploi, et 63% des personnes interrogées évoquent des émotions négatives, telles que l’inquiétude, le pessimisme, la résignation et l’anxiété, concernant l’avenir du marché du travail.
Dans ce contexte, les travailleurs algériens en France, en particulier les jeunes diplômés, sont confrontés à un environnement difficile, où les emplois se font de plus en plus rares, les salaires stagnent et les conditions de travail se dégradent. Alors que la France se dirige vers un chômage plus élevé dans les années à venir, les Algériens, qui ont toujours été une part importante de la main-d’œuvre française, risquent de se retrouver de plus en plus vulnérables face à une crise du marché du travail qui semble prendre de l’ampleur. Les témoignages de jeunes comme Imane montrent à quel point la situation est compliquée, et combien il est nécessaire de trouver des solutions pour soutenir l’emploi et les opportunités professionnelles, surtout pour les jeunes étrangers qui arrivent sur le marché du travail avec des qualifications.