En France, un nouveau contrôle s’annonce pour les chauffeurs de bus scolaires, y compris les Algériens, fortement représentés dans ce secteur du transport. Ce changement de cap dans les politiques de sécurité routière intervient après un drame survenu en janvier dernier à Châteaudun, dans l’Eure-et-Loir, où une lycéenne de 15 ans a perdu la vie dans un accident impliquant un car scolaire. L’enquête avait révélé que le chauffeur, en service au moment des faits, avait consommé du cannabis, ce qui a provoqué une onde de choc à l’échelle nationale.
Face à cette tragédie, le ministre français des Transports, Philippe Tabarot, a dévoilé une série de mesures regroupées dans un plan baptisé « Joana », en hommage à la jeune victime. Ce plan vise principalement à renforcer les contrôles antidrogue chez les chauffeurs de bus scolaires, une mesure à la fois préventive et dissuasive. À travers plusieurs interventions publiques, notamment sur le plateau de TF1 dans l’émission Bonjour !, ainsi qu’en conférence de presse, le ministre a expliqué que les entreprises de transport seront désormais dans l’obligation de soumettre leurs chauffeurs à au moins un test de dépistage de drogue par an, de manière aléatoire. Ce test pourra bien sûr être renouvelé plusieurs fois à l’initiative des employeurs.
Ce durcissement des règles ne constitue pas une création ex nihilo. En effet, comme l’a rappelé Ingrid Mareschal, déléguée générale de la Fédération nationale des Transports de voyageurs (FNTV), des tests étaient déjà pratiqués dans certaines entreprises. La nouveauté réside dans leur systématisation, et dans le fait qu’un test minimum devient une exigence réglementaire annuelle. À cela s’ajoute une intensification des contrôles inopinés réalisés par les forces de l’ordre, déjà actifs sur le terrain. Pour les nombreux chauffeurs algériens travaillant dans le secteur, cette nouvelle mesure signifie une surveillance renforcée de leur comportement, y compris hors des heures de service, car la détection de stupéfiants reste possible plusieurs heures, voire jours, après consommation.
Au-delà des tests classiques, le ministère prévoit d’aller encore plus loin en intégrant la technologie dans les dispositifs de prévention. Le ministre a évoqué l’introduction future de « stupotests » connectés aux véhicules eux-mêmes, capables d’empêcher le démarrage du car en cas de résultat positif au test. Si cette technologie n’est pas encore opérationnelle, elle fait déjà l’objet de recherches visant à couvrir un large éventail de substances, dont le cannabis, la cocaïne, et des drogues de synthèse telles que la kétamine. Cette avancée pourrait représenter un tournant radical dans la façon de sécuriser le transport scolaire.
Un autre axe évoqué par le gouvernement concerne l’installation de caméras à l’intérieur des véhicules, destinées à alerter le conducteur en cas de perte de vigilance ou de comportement anormal. Cette mesure suscite toutefois des réserves, notamment sur le plan de l’acceptabilité par les chauffeurs, comme l’a indiqué Ingrid Mareschal. Un dialogue devra être ouvert entre les conducteurs et les responsables pour assurer une mise en œuvre sans tensions sociales. En parallèle, un numéro vert sera lancé afin que les usagers ou autres témoins puissent signaler tout comportement douteux ou inquiétant de la part d’un chauffeur.
Les chauffeurs algériens, très nombreux dans le secteur du transport scolaire en France, se retrouvent ainsi au cœur de cette nouvelle stratégie de contrôle du gouvernement français. Bien que les mesures annoncées ne ciblent pas une nationalité en particulier, leur mise en œuvre aura un impact direct sur cette communauté professionnelle. Pour les entreprises de transport, il s’agira d’adapter leurs procédures internes, tout en assurant un climat de confiance avec leurs employés. Quant aux conducteurs, y compris les Algériens de France, ce nouveau contrôle accru impose une vigilance constante quant à leur comportement personnel, et surtout, une rigueur absolue sur le respect des règles en matière de consommation de substances illicites.
Ce plan Joana illustre la volonté des autorités françaises de prévenir tout nouveau drame impliquant des enfants sur le trajet de l’école. Si son efficacité devra être évaluée dans le temps, il marque d’ores et déjà un tournant dans la manière d’envisager la responsabilité des chauffeurs de bus scolaires, à commencer par ceux qui, chaque matin, prennent le volant avec la vie de dizaines d’élèves entre leurs mains.