Une page semble se tourner pour les automobilistes en France, notamment ceux qui ont fait le choix de rouler propre en optant pour des véhicules électriques. Parmi eux, de nombreux Algériens de France, de plus en plus nombreux à s’équiper de voitures à zéro émission, vont devoir composer avec une nouvelle dépense inattendue : la fin de la gratuité de la carte grise pour ce type de véhicules.
Cette mesure prendra effet à compter du 1er mai 2025, mettant fin à une politique d’exonération en place depuis 2019. Depuis cette date, les propriétaires de véhicules électriques profitaient d’un enregistrement totalement gratuit dans la majorité des régions françaises. Une aubaine, devenue aujourd’hui un souvenir. Selon les dernières informations relayées par RTL et confirmées par Auto Plus, seules les Hauts-de-France continueront temporairement à offrir cette exonération, toutes les autres régions ayant décidé de tourner la page.
Concrètement, cette nouvelle dépense pour les résidents en France, qui concernera également les Algériens, s’élèvera entre 150 et 750 euros selon le modèle du véhicule concerné. Une variation importante qui risque de créer des disparités selon le type de voiture possédé, sa puissance ou encore la région d’immatriculation. Si la somme peut paraître marginale au regard du prix global d’un véhicule, elle pèse néanmoins dans un climat où les aides à l’achat se réduisent drastiquement. Le bonus écologique a déjà été revu à la baisse, et un malus basé sur le poids est désormais appliqué, même sur certains modèles électriques, accentuant ainsi le sentiment d’incompréhension chez les consommateurs.
Pour les automobilistes algériens établis en France, souvent attentifs à toute dépense liée à la transition énergétique, cette mesure a l’effet d’un coup de frein. Beaucoup avaient vu dans le véhicule électrique une solution doublement avantageuse : écologique et économiquement rentable sur le long terme. La fin de la carte grise gratuite vient donc bouleverser cette équation. Ce changement intervient alors que les chiffres de vente montrent un essoufflement de l’engouement pour l’électrique en 2024. Les experts du secteur évoquent des hausses de prix, des délais de livraison prolongés et surtout un réseau de bornes de recharge encore insuffisant, notamment en dehors des grandes agglomérations.
Face à cette annonce, les réactions sont vives. Certains conducteurs interrogés n’hésitent pas à qualifier la décision de précipitée, voire contre-productive. Claire, une automobiliste rencontrée devant une concession parisienne, affirme que ce type de mesure ne peut que dissuader les indécis. Elle parle de « petites économies faites sur le dos de citoyens déjà hésitants » et précise qu’elle ne compte pas changer son véhicule hybride pour un modèle entièrement électrique. D’autres usagers, encore fidèles à la motorisation thermique, voient dans cette taxe un argument supplémentaire pour ne pas franchir le cap. À leurs yeux, le contexte devrait au contraire encourager davantage de soutien, notamment financier, pour que la bascule vers l’électrique se fasse en douceur.
Dans les concessions, le ton est plus nuancé. Un professionnel du secteur rappelle que la carte grise représente une très faible part du coût d’acquisition global, estimée à environ 1 %. Il insiste plutôt sur les véritables freins actuels à l’achat : la question du réseau de recharge, la disponibilité des véhicules d’entrée de gamme, et la stabilité des aides. Pour les vendeurs, il devient difficile de convaincre des clients lorsqu’ils sont confrontés à des signaux contradictoires en matière de fiscalité et de politique environnementale.
La suppression de la gratuité de la carte grise s’inscrit dans une dynamique plus large de révision des incitations écologiques. À l’approche de l’interdiction des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035, certains observateurs s’interrogent sur la cohérence de la stratégie. L’effort de modernisation semble mis à mal par des décisions budgétaires régionales dont la portée pourrait dépasser les frontières de l’administration locale. Les résidents d’origine algérienne, bien intégrés dans le tissu social et économique français, ne cachent pas leur étonnement. Certains, déjà contraints par les coûts de stationnement et d’assurance, voient là un frein supplémentaire, d’autant plus injuste qu’ils avaient misé sur une motorisation dite d’avenir.
Si l’intention affichée est de renflouer les caisses des régions, l’effet domino sur les ventes pourrait à terme poser davantage de problèmes. À quelques mois de l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure, la transition énergétique semble faire du surplace, au grand dam de celles et ceux qui avaient cru en un avenir plus propre et plus accessible.
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