Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a affirmé qu’il ne transigerait pas sur sa ligne de fermeté concernant l’Algérie, même si cela devait le pousser à quitter son poste. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Paris et Alger sur la question des expulsions des ressortissants algériens en situation irrégulière en France.
Dans un entretien accordé au Parisien, Retailleau a réitéré sa volonté de maintenir une politique stricte vis-à-vis de l’Algérie. Il a précisé qu’il n’occupait pas ses fonctions pour le prestige, mais pour accomplir une mission qu’il considère essentielle à la sécurité nationale. « Je ne suis pas là pour une place mais pour remplir une mission, celle de protéger les Français. Tant que j’ai la conviction d’être utile et que les moyens me sont donnés, je serai mobilisé. Mais si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais », a-t-il affirmé.
Cette prise de position intervient alors que les relations entre la France et l’Algérie sont marquées par des tensions persistantes. Bruno Retailleau a défendu une approche qu’il qualifie de « rapport de force », jugeant que seule une fermeté absolue permettrait de régler la question du renvoi des ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF) en Algérie. Selon lui, cette doctrine est désormais adoptée par l’ensemble du gouvernement français. « J’ai été longtemps le seul au gouvernement à prôner ce rapport de force (…) Désormais, ma ligne (…) est celle du gouvernement », s’est-il félicité.
Le ministre a rappelé un épisode particulièrement marquant qui illustre selon lui l’urgence de la situation. L’attentat survenu à Mulhouse le 22 février dernier, où un Algérien sous OQTF a poignardé un homme et blessé trois policiers municipaux, a ravivé le débat sur la difficulté de la France à expulser certains ressortissants étrangers jugés dangereux. « Je ne veux pas d’un deuxième Mulhouse », a-t-il martelé, insistant sur la nécessité d’obtenir de l’Algérie qu’elle reprenne ses ressortissants sous le coup d’une expulsion. Il a indiqué que Paris avait récemment transmis une nouvelle liste de noms aux autorités algériennes, exigeant une réponse rapide et des engagements concrets.
Cette posture ferme s’inscrit dans une série de mesures sécuritaires portées par Retailleau depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur. La question des expulsions n’est qu’un volet d’un programme plus large visant à lutter contre le narcotrafic et la criminalité organisée. Le ministre mise notamment sur un projet de loi contre le trafic de drogue, qui a été adopté à l’unanimité par le Sénat et sera examiné à l’Assemblée nationale dans les prochains jours. Il a exhorté les députés à surmonter les clivages politiques pour adopter un texte qu’il juge indispensable : « Les députés, qu’importe leur appartenance politique, doivent donner à l’État une loi fondatrice car aujourd’hui, nous ne luttons pas à armes égales ».
Parmi les mesures les plus controversées du projet figure la réintroduction des « boîtes noires », des dispositifs d’intelligence artificielle capables d’analyser des flux massifs de métadonnées pour détecter les communications des trafiquants de drogue. Bien que cette disposition ait été rejetée en Commission, Retailleau entend la réintégrer au texte final. Il a cherché à rassurer sur les risques liés à la surveillance de masse, affirmant que l’objectif était strictement ciblé : « Il ne s’agit pas de mettre en place une surveillance généralisée, mais de mieux lutter contre des organisations à la pointe des technologies », a-t-il assuré.
Cette montée en puissance du ministre de l’Intérieur pourrait provoquer des remous au sein du gouvernement, notamment si sa ligne venait à être contestée par d’autres membres de l’exécutif. Sa déclaration sur une possible démission témoigne de la tension qui entoure ce dossier sensible. Reste à savoir si cette fermeté affichée portera ses fruits dans les négociations avec Alger ou si elle entraînera une nouvelle crise diplomatique entre les deux pays.
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