France : suspension des allocations familiales pour tous les Algériens ? 

Algériens France CAF ALLOCATION FAMILIALES

Une rumeur tenace s’est récemment propagée sur les réseaux sociaux, affirmant que la France aurait décidé de suspendre les allocations familiales à tous les ressortissants algériens. Une information qui a rapidement suscité inquiétude et indignation au sein de la communauté algérienne établie dans l’Hexagone. Pourtant, à y regarder de plus près, cette affirmation semble s’éloigner de la réalité. À l’origine de cette confusion, une déclaration de Robert Ménard, maire de Béziers, qui a évoqué la possibilité de suspendre ces aides sociales aux parents d’enfants déscolarisés, sans pour autant cibler spécifiquement une nationalité ou annoncer une mesure d’envergure nationale.

Robert Ménard, élu divers droite à la tête de la ville de Béziers, dans l’Hérault, a en effet fait savoir, lors d’une interview accordée au média Ici Hérault, qu’il étudiait la faisabilité d’une mesure visant à supprimer les allocations familiales pour les familles dont les enfants ne fréquentent plus l’école. Selon ses propos, il s’agit d’une sanction envisagée à l’encontre de parents jugés défaillants dans leur devoir de scolarisation, obligation pourtant inscrite dans la loi française pour les enfants âgés de 3 à 16 ans. Ce projet de sanction ne viserait donc pas une communauté en particulier, mais toute famille dont les enfants ne sont pas scolarisés, peu importe son origine.

Le maire de Béziers a d’ailleurs précisé que cette idée n’était pas nouvelle. Elle s’inscrit dans la continuité d’une expérimentation déjà menée dans la ville voisine de Narbonne, où plusieurs institutions, dont le parquet, se sont associées pour tester une politique similaire. À Narbonne, cette approche a été mise en place dans un cadre spécifique, sous surveillance juridique et administrative. Elle repose sur le constat que des mesures strictes seraient parfois nécessaires pour responsabiliser certains parents. Ménard va même plus loin en liant cette réflexion à des problématiques de sécurité. En effet, le 22 avril 2024, il a instauré un couvre-feu pour les enfants de moins de 13 ans, les interdisant de circuler seuls dans les rues de Béziers après 23 heures. Une trentaine d’enfants ont été récupérés par les forces de l’ordre dans les jours qui ont suivi, la moitié d’entre eux ayant été reconduits chez leurs parents ou au commissariat, et plusieurs amendes de 35 euros ont été dressées à cette occasion.

Ce couvre-feu, valable jusqu’au 30 septembre et applicable à trois quartiers prioritaires de Béziers, a été validé par le tribunal administratif, malgré les critiques. Il n’intègre cependant aucune disposition relative à une suppression automatique des allocations familiales. La proposition de les suspendre pour les parents dont les enfants errent la nuit sans surveillance reste donc, pour l’instant, à l’état de réflexion et ne fait l’objet d’aucun texte officiel. Aucune décision juridique, ni nationale, ni locale, ne prévoit aujourd’hui une mesure qui ciblerait exclusivement les Algériens ou toute autre nationalité en matière d’allocations familiales.

Il est donc essentiel de faire la distinction entre une proposition isolée, portée par un maire dans une ville bien précise, et une politique d’État. En l’état actuel des choses, la France n’a pas acté la suspension des allocations familiales pour tous les Algériens, comme l’ont prétendu certaines publications en ligne. Les aides sociales restent régies par des règles nationales, fondées sur des critères économiques et familiaux, et toute modification structurelle en la matière relèverait de décisions gouvernementales validées par le Parlement.

La prudence reste donc de mise face aux rumeurs qui se propagent rapidement sur les réseaux sociaux. Ce type de désinformation, en plus de semer la panique, contribue à alimenter des tensions injustifiées. À Béziers, la proposition de Robert Ménard vise davantage à lutter contre l’absentéisme scolaire et les situations d’enfants livrés à eux-mêmes, et non à stigmatiser une population précise. Le débat autour de la responsabilité parentale dans le cadre de l’éducation reste ouvert, mais les décisions prises localement ne peuvent être généralisées à l’ensemble du territoire français.

Lire également : 

Voyage en Algérie : une passagère « spéciale » entraine dans sa chute un responsable

France : des Algériens menacés avec la nouvelle amende de 150 euros

Impot Gouv, déclaration impot 2025 : voici toutes les nouveautés