Cependant, la situation a rapidement dégénéré. L’un des policiers continuait à s’affairer sur le portefeuille d’Omar : « Je lui dis qu’il n’y a rien dedans et il me répond : « Ta gueule » », raconte Omar. Stupéfait par cette réponse, Omar a demandé calmement : « Pourquoi vous me parlez comme ça ? » Le policier a alors jeté la sacoche d’Omar par terre, éparpillant son contenu : des pièces de monnaie, les clés de sa voiture et son trousseau de clés de maison.
L’agressivité du policier a atteint un nouveau sommet lorsqu’il a ordonné à Omar de se retourner. « Mais pourquoi vous faites ça ? », a demandé Omar, cherchant à comprendre la situation. La réponse du policier a été menaçante : « Si tu parles, je te tape ». Ne croyant pas que l’agent passerait à l’acte, Omar a répliqué : « Vas-y, tape-moi ». À sa grande surprise et horreur, le policier a alors asséné un violent coup de matraque à la tête d’Omar. « C’est le trou noir », se souvient-il. « Je me rappelle seulement être au sol, retrouver mes esprits », raconte-t-il, estimant avoir perdu connaissance pendant quelques secondes.
Rapidement, Omar a compris qu’il était gravement blessé. « Je sens du liquide couler de mon oreille gauche, je réalise que c’est du sang », se souvient-il. En se relevant, il a demandé aux policiers : « Pourquoi vous m’avez fait ça ? J’ai fait quelque chose de mal ? Je n’ai pas manqué de respect ». La réponse de l’un des policiers a été cinglante : « Tu lui as pris la tête ». Dans sa plainte, Omar précise qu’il n’a eu aucun problème avec les trois autres policiers présents, mais ces derniers n’ont pas non plus intervenu pour empêcher l’agression.
Tentant d’appeler les pompiers sans succès, Omar est remonté sur son scooter et s’est rendu de lui-même aux urgences de l’hôpital Lariboisière, situé à proximité. Là, il a reçu 12 points de suture et un arrêt de travail d’une semaine. « Je suis retourné à l’hôpital, ils ont prolongé mon arrêt maladie de quatre jours », a-t-il indiqué.
Le lendemain, jeudi 7 juin, accompagné de son avocat Me Ilyacine Maallaoui, l’Algérien établi en France a déposé plainte au commissariat du XVIIe arrondissement de Paris pour « violences aggravées », lors du controle d’identité. Selon son avocat, plusieurs éléments de cette affaire soulèvent des questions quant à un possible sentiment d’impunité parmi les forces de l’ordre. « Les faits de violence dénoncés par mon client interrogent à plusieurs égards : le caractère gratuit de l’agression, la situation géographique, mais également l’heure à laquelle les faits ont eu lieu », explique Me Ilyacine Maallaoui. Il souligne que l’agression présumée s’est produite en pleine journée, sur la voie publique, sous le regard de nombreux témoins. « Ces faits ont été immédiatement pris très au sérieux par les services de police compétents et nous demeurons dans l’attente de réponses », ajoute-t-il.
L’enquête confiée à l’IGPN se poursuit. Plusieurs témoins de la scène ont été identifiés et doivent être auditionnés prochainement. Les caméras de vidéosurveillance de la rue devraient également être exploitées pour déterminer les circonstances exactes de l’incident et confirmer ou infirmer les dires d’Omar.
Depuis cet incident survenu lors du controle d’identité, l’Algérien de France est profondément traumatisé. « Je ne sors pas, je ne dors pas », confie-t-il. « Je suis choqué. J’ai 41 ans, je n’ai jamais eu affaire à la police, c’est gratuit, je n’ai rien fait, j’ai parlé calmement. Je ne comprends pas pourquoi il a fait ça », déplore-t-il. Il espère maintenant que la justice fera la lumière sur cette affaire et que l’agent responsable sera sanctionné.
*Le prénom a été modifié.
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