France : « traumatisé » suite à un controle d’identité à Paris, un Algérien se confine

Algérien France controle d'identité
Un Algérien de 41 ans établi en France a récemment déposé une plainte après avoir été violemment frappé à l’oreille par un policier lors d’un controle d’identité dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Les événements, qui se sont déroulés le mercredi 6 juin près du métro La Chapelle, ont laissé l’homme profondément marqué et ont entraîné une enquête pour violences par personne dépositaire de l’autorité publique.
Omar* se souvient de chaque détail de cette journée fatidique. « C’était totalement gratuit, je ne comprends pas pourquoi il m’a fait ça, je n’ai rien fait », explique-t-il au média français Le Parisien une semaine après l’incident, encore sous le choc. Le traumatisme psychologique est tel qu’il a du mal à trouver les mots pour décrire l’agression dont il a été victime. Les coups reçus lors du contrôle d’identité lui ont valu 12 points de suture et un arrêt de travail, ce qui l’a poussé à porter plainte dès le lendemain.
Le parquet de Paris, ayant reçu la plainte, a rapidement ouvert une enquête et confirmé que celle-ci porte sur des accusations de violences par personne dépositaire de l’autorité publique. Cette affaire a été confiée à l’Inspection générale de la Police nationale (IGPN), l’organisme chargé de veiller à la déontologie et à l’intégrité des forces de police en France.Le récit d’Omar commence dans l’après-midi du 6 juin. Cet Algérien de 41 ans circulait dans Paris à bord de son scooter. Vers 19h40, il s’est arrêté contre le trottoir du boulevard de la Chapelle, devant le bar-tabac Le Royal, à quelques mètres du métro, pour passer un coup de téléphone à sa sœur. Une voiture de la police nationale s’est garée derrière lui et quatre agents en sont descendus, demandant à Omar de retirer son casque pour procéder à un contrôle d’identité. « Au début, c’était un contrôle classique, tout se passait bien, ils m’ont fouillé et vérifié mes papiers », raconte-t-il. Il a présenté son titre de séjour, son permis de conduire et les papiers de son scooter, tous en règle.

Cependant, la situation a rapidement dégénéré. L’un des policiers continuait à s’affairer sur le portefeuille d’Omar : « Je lui dis qu’il n’y a rien dedans et il me répond : « Ta gueule » », raconte Omar. Stupéfait par cette réponse, Omar a demandé calmement : « Pourquoi vous me parlez comme ça ? » Le policier a alors jeté la sacoche d’Omar par terre, éparpillant son contenu : des pièces de monnaie, les clés de sa voiture et son trousseau de clés de maison.

L’agressivité du policier a atteint un nouveau sommet lorsqu’il a ordonné à Omar de se retourner. « Mais pourquoi vous faites ça ? », a demandé Omar, cherchant à comprendre la situation. La réponse du policier a été menaçante : « Si tu parles, je te tape ». Ne croyant pas que l’agent passerait à l’acte, Omar a répliqué : « Vas-y, tape-moi ». À sa grande surprise et horreur, le policier a alors asséné un violent coup de matraque à la tête d’Omar. « C’est le trou noir », se souvient-il. « Je me rappelle seulement être au sol, retrouver mes esprits », raconte-t-il, estimant avoir perdu connaissance pendant quelques secondes.

Rapidement, Omar a compris qu’il était gravement blessé. « Je sens du liquide couler de mon oreille gauche, je réalise que c’est du sang », se souvient-il. En se relevant, il a demandé aux policiers : « Pourquoi vous m’avez fait ça ? J’ai fait quelque chose de mal ? Je n’ai pas manqué de respect ». La réponse de l’un des policiers a été cinglante : « Tu lui as pris la tête ». Dans sa plainte, Omar précise qu’il n’a eu aucun problème avec les trois autres policiers présents, mais ces derniers n’ont pas non plus intervenu pour empêcher l’agression.

Tentant d’appeler les pompiers sans succès, Omar est remonté sur son scooter et s’est rendu de lui-même aux urgences de l’hôpital Lariboisière, situé à proximité. Là, il a reçu 12 points de suture et un arrêt de travail d’une semaine. « Je suis retourné à l’hôpital, ils ont prolongé mon arrêt maladie de quatre jours », a-t-il indiqué.

Le lendemain, jeudi 7 juin, accompagné de son avocat Me Ilyacine Maallaoui, l’Algérien établi en France a déposé plainte au commissariat du XVIIe arrondissement de Paris pour « violences aggravées », lors du controle d’identité. Selon son avocat, plusieurs éléments de cette affaire soulèvent des questions quant à un possible sentiment d’impunité parmi les forces de l’ordre. « Les faits de violence dénoncés par mon client interrogent à plusieurs égards : le caractère gratuit de l’agression, la situation géographique, mais également l’heure à laquelle les faits ont eu lieu », explique Me Ilyacine Maallaoui. Il souligne que l’agression présumée s’est produite en pleine journée, sur la voie publique, sous le regard de nombreux témoins. « Ces faits ont été immédiatement pris très au sérieux par les services de police compétents et nous demeurons dans l’attente de réponses », ajoute-t-il.

L’enquête confiée à l’IGPN se poursuit. Plusieurs témoins de la scène ont été identifiés et doivent être auditionnés prochainement. Les caméras de vidéosurveillance de la rue devraient également être exploitées pour déterminer les circonstances exactes de l’incident et confirmer ou infirmer les dires d’Omar.

Depuis cet incident survenu lors du controle d’identité, l’Algérien de France est profondément traumatisé. « Je ne sors pas, je ne dors pas », confie-t-il. « Je suis choqué. J’ai 41 ans, je n’ai jamais eu affaire à la police, c’est gratuit, je n’ai rien fait, j’ai parlé calmement. Je ne comprends pas pourquoi il a fait ça », déplore-t-il. Il espère maintenant que la justice fera la lumière sur cette affaire et que l’agent responsable sera sanctionné.

*Le prénom a été modifié.

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