Un vent de panique a soufflé sur le quartier du Village olympique de Grenoble mercredi soir, lorsqu’une attaque à la grenade a visé un bar associatif géré par des Algériens. L’explosion a fait plusieurs blessés et plongé les riverains dans une atmosphère de peur et d’incompréhension. Alors que l’auteur des faits est toujours en fuite, les enquêteurs privilégient la piste d’un règlement de compte, sans écarter d’autres hypothèses.
Il était aux alentours de 20h15 quand un individu non identifié a pénétré dans l’Aksehir, un bar associatif du quartier qui tient son nom d’une ville turque, mais qui est tenu aujourd’hui par des Algériens. Selon les premiers éléments de l’enquête, il aurait jeté une grenade sans proférer le moindre mot avant de prendre la fuite. Des témoins évoquent la présence d’une kalachnikov entre ses mains, bien que cette information demeure à vérifier. L’explosion, particulièrement violente, a secoué le bâtiment et semé la panique parmi les clients attablés à l’intérieur.
Le bilan humain est lourd. D’après le dernier point communiqué par le ministre de la Santé, Yannick Neuder, quinze personnes ont été blessées, certaines gravement. Deux d’entre elles se trouvent toujours en soins intensifs, leur pronostic vital engagé. Face à l’ampleur de l’attaque, une importante mobilisation des secours a été mise en place. Pas moins de 80 pompiers ont été déployés sur les lieux pour évacuer les victimes et sécuriser la zone.
Si l’acte terroriste a rapidement été exclu par les enquêteurs, plusieurs pistes sont désormais étudiées. Le parquet de Grenoble a cédé l’enquête à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lyon, en raison d’un possible lien avec la criminalité organisée. Règlement de comptes, trafic de stupéfiants ou rivalité liée à des activités illicites : plusieurs hypothèses sont sur la table. Le procureur adjoint François Touret de Coucy a d’ailleurs précisé que le bar géré par des Algériens avait déjà attiré l’attention des autorités par le passé.
En effet, en janvier dernier, une vaste opération de contrôle menée dans ce même établissement et dans quatre autres bars associatifs du quartier avait abouti à l’arrestation de plusieurs personnes. Des infractions liées à des situations de séjour irrégulier, du blanchiment d’argent présumé ainsi que la saisie de 25 kg de tabac de contrebande avaient alors été relevées. Le président de l’association qui gère le bar avait lui-même été condamné à un an de prison avec sursis pour des faits de blanchiment. De quoi alimenter la thèse d’une vengeance ou d’un conflit entre groupes aux intérêts divergents.
Les habitants du quartier, quant à eux, oscillent entre colère et angoisse. Beaucoup dénoncent une montée en puissance de la violence ces dernières années, en lien avec des trafics divers. « On savait que ce quartier était problématique, mais là, on atteint un niveau de danger qu’on n’imaginait pas », confie un commerçant du secteur. Plusieurs riverains envisagent même de quitter le quartier, considérant que l’insécurité y est devenue insoutenable.
La mairie de Grenoble a réagi rapidement, exprimant son soutien aux victimes et demandant un renforcement des moyens de sécurité dans le secteur. L’adjointe au maire, Chloé Pantel, a souligné la nécessité d’une intervention plus ferme des autorités pour éviter que la situation ne dégénère davantage. « Ce n’était pas un bar qui était censé poser problème, mais force est de constater que des tensions existaient dans l’ombre », a-t-elle déclaré.
Pendant ce temps, les enquêteurs poursuivent leurs investigations pour tenter d’identifier et d’arrêter l’auteur de l’attaque. Des analyses de vidéosurveillance et des relevés téléphoniques sont en cours pour retracer son itinéraire et établir d’éventuelles connexions avec des réseaux criminels connus. La pression est forte sur les forces de l’ordre, qui doivent non seulement élucider cette affaire, mais aussi rassurer une population qui se sent plus vulnérable que jamais.
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