Actualité politique – Le président français, Emmanuel Macron a annoncé sa décision de déclassifier les archives estampillées « secret défense » et datant d’avant le 1er janvier 1971. Cette décision a relancé les espoirs des historiens d’accéder à davantage d’archives sur la guerre d’indépendance algérienne, et notamment sur les essais nucléaires que la France a mené en Algérie au cours des années 1960.
La guerre d’Algérie continue à faire couler de l’encre des deux côtés de la Méditerranée, notamment depuis la publication du rapport de Benjamin Stora le 20 janvier dernier. L’historien français avait en effet émis une série de recommandations, sensées aider à la réconciliation des mémoires entre l’Algérie et la France. Toutefois, le travail de l’historien a été loin de faire consensus, que ce soit du côté algérien ou français. Plusieurs voix se sont ainsi élevées pour reprocher à l’historien d’avoir « ignoré les véritables questions » concernant cette période de l’Histoire commune entre les deux pays.
Le Comité national de liaison des Harkis (CNLH) avait notamment accusé Benjamin Stora d’avoir fait preuve de « minimalisme » dans les recommandations qu’il a faites concernant cette catégorie de personnes. En Algérie, l’Organisation nationale des Moudjahidines (ONM) a également accusé l’historien français de vouloir « mettre la victime et le bourreau sur un même pied d’égalité ».
Macron répond à plusieurs recommandations de Benjamin Stora
De son côté, le président français Emmanuel Macron a déjà commencé à mettre en application plusieurs recommandations du rapport Stora. Dans ce sens, le chef de l’État français avait reconnu, le 2 mars dernier, la responsabilité de son pays dans la mort de l’avocat et militant du FLN Ali Boumendjel, assassiné en 1957 pendant la bataille d’Alger.
Le 9 mars dernier, Emmanuel Macron avait également annoncé sa décision de déclassifier les archives estampillées « secret-défense » et datant d’avant le 1er janvier 1971. Le chef de l’État français a ainsi indiqué que ces documents seraient déclassifiés « par cartons », ce qui devrait grandement accélérer la procédure. Cette décision a toutefois été accueillie avec prudence en Algérie, où les autorités officielles ne l’ont toujours pas commentée.
La France va-t-elle déclassifier les archives de ses essais nucléaires en Algérie ?
Du côté de la communauté scientifique, la déclassification des archives a suscité des réactions mitigées.« Elle (la décision de Macron, ndlr) montre que les actions menées par les historiens et les archivistes depuis plus d’un an ont été partiellement entendues », a notamment déclaré la présidente de l’association des archivistes français, Céline Guyon citée par Ouest-France. « Nous sommes sceptiques car peu de choses changent par rapport à hier », a indiqué pour sa part Thomas Vaisset, maître de conférence à l’université du Havre.
En outre, les autorités françaises ne comptent pas ouvrir l’accès aux archives relatives aux essais nucléaires de la France en Algérie, menés entre 1960 et 1966 dans le sud du pays. Pour l’Élysée, il s’agit ainsi de faciliter l’accès aux archives « sans compromettre la sécurité et la défense nationales ».
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