Immigration clandestine : agé de 60 ans, il risque 2 ans de prison en Algérie

Algérie immigration clandestine

Le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger a requis une peine de deux ans de prison ferme à l’encontre d’un homme âgé de soixante ans, poursuivi pour immigration clandestine après avoir tenté de rallier l’Espagne à bord d’un bateau communément appelé le bateau de la mort. L’affaire, qui a suscité l’attention des observateurs de la justice et de la société civile, met en lumière la persistance du phénomène de l’immigration illégale chez certaines catégories de la population, même parmi les plus âgées.

Selon les éléments présentés devant la juridiction, l’accusé, un sexagénaire identifié par ses initiales M., avait été intercepté alors qu’il tentait une immigration clandestine depuis la côte de Mostaganem, dans l’ouest du pays. L’embarcation qu’il avait empruntée, un bateau de pêche modifié pour ce type de traversée, a été saisie par les autorités maritimes. L’homme, arrêté par les gardes-côtes avant d’atteindre les eaux internationales, a ensuite été traduit en justice pour répondre de ses actes.

Devant le tribunal de Sidi M’Hamed, l’accusé est venu contester le jugement rendu par défaut à son encontre, en son absence. Au cours de son audience, il a nié les faits qui lui sont reprochés, tout en reconnaissant sa présence à bord de l’embarcation. Le sexagénaire a expliqué avoir tenté cette immigration clandestine non par défiance vis-à-vis des lois, mais sous la pression de conditions de vie précaires. Selon ses déclarations, il aurait envisagé cette traversée comme un dernier recours pour trouver un avenir meilleur en Espagne, affirmant qu’il n’avait plus de moyens pour subvenir à ses besoins en Algérie.

Face à la cour, l’accusé a plaidé la clémence, soulignant son âge avancé et son absence d’antécédents judiciaires. Il a déclaré regretter son geste et demandé à être acquitté, expliquant qu’il ne souhaitait pas enfreindre la loi mais seulement fuir une situation socio-économique difficile. Le représentant du ministère public, pour sa part, a rappelé la gravité de l’acte commis et la nécessité d’appliquer la loi de manière stricte afin de dissuader les tentatives d’immigration clandestine qui mettent en danger des vies humaines.

Le procureur a requis une peine de deux ans de prison ferme, estimant que le prévenu devait répondre de ses actes, même s’il a invoqué des motifs économiques. Ce réquisitoire ne constitue pas encore une décision de justice mais une proposition de sanction, la peine finale devant être fixée ultérieurement par le juge.

Le magistrat a décidé de reporter le prononcé du verdict à une audience ultérieure, le temps d’examiner l’ensemble du dossier et les circonstances entourant cette tentative de traversée maritime. En attendant, le dossier reste symbolique d’une réalité complexe : celle d’Algériens, parfois âgés, qui continuent à risquer leur vie dans des opérations d’immigration clandestine à destination de l’Europe.

En Algérie, la législation sur l’immigration clandestine a été renforcée ces dernières années, avec des sanctions plus lourdes pour les auteurs comme pour les organisateurs de ces traversées. Toutefois, malgré les mesures répressives et les campagnes de sensibilisation, le phénomène persiste, alimenté par des difficultés économiques et un manque de perspectives pour certaines franges de la population.