En marge d’une récente visite à Béchar, dans le sud-ouest de l’Algérie, le président Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé sans détour sur une question sensible qui fait couler beaucoup d’encre : l’accueil et l’installation d’étrangers, notamment ceux venus du continent africain, en Algérie. Ce sujet, au carrefour des enjeux sécuritaires, économiques et sociaux, a été abordé dans un contexte régional marqué par des tensions diplomatiques et une instabilité politique persistante dans plusieurs pays voisins. Le chef de l’État a tenu à clarifier la position algérienne, insistant sur le fait que la porte n’est pas fermée, mais que l’accès au territoire national doit se faire dans un cadre strictement légal.
« On a de bonnes relations avec les peuples voisins qui sont nos frères, même si on ne s’entend pas avec des putschistes. Avec le Niger on s’entendait bien, ils ont décidé de quitter l’accord qui nous liait, qu’ils assument leurs responsabilités », a lancé le président algérien, manifestement agacé par la rupture d’accords bilatéraux de coopération avec Niamey. Cette déclaration intervient dans un climat tendu avec les nouvelles autorités nigériennes, issues d’un coup d’État, qui ont récemment rompu certains engagements antérieurs avec Alger. En choisissant d’évoquer explicitement le cas du Niger, Tebboune semble vouloir rappeler que les relations entre États ne peuvent être dissociées des dynamiques politiques internes, et que l’Algérie, tout en prônant le respect mutuel, n’acceptera pas d’être tenue pour responsable des revirements d’autres gouvernements.
Abdelmadjid Tebboune a tenu à faire une distinction importante entre les peuples africains et certains régimes politiques en place. Il a affirmé que l’Algérie n’était pas hostile à l’arrivée d’étrangers, y compris ceux venant d’Afrique subsaharienne. « On n’est pas contre la venue d’étrangers, et notamment d’Africains, en Algérie, mais à condition que l’entrée se fasse de manière légale et que tout soit déclaré. Ils pourraient travailler dans l’agriculture qui cherche souvent de la main d’œuvre. » Par ces mots, le président a non seulement clarifié la position de son gouvernement, mais il a aussi esquissé une ouverture concrète : celle d’un cadre de régularisation ciblé sur certains secteurs économiques. L’agriculture, en particulier, est identifiée comme un domaine où la demande en main-d’œuvre est forte, ce qui pourrait constituer une opportunité à la fois pour les étrangers en quête de travail et pour les exploitants agricoles algériens confrontés à un manque de personnel.
Cette volonté d’intégration encadrée est renforcée par une série d’engagements concrets que le président a annoncés. « On est prêt à leur donner des facilitations, à savoir une assurance, un accès aux soins, des possibilités d’envoi de l’argent à sa famille. Je suis prêt à le faire », a-t-il déclaré. Ces promesses marquent un changement de ton notable dans le discours officiel, souvent accusé de fermeté voire de rigidité en matière migratoire. Il s’agit là d’un message fort, destiné à rassurer les candidats à l’immigration, mais aussi à encadrer un phénomène qui, s’il reste incontrôlé, peut générer des tensions sociales et sécuritaires. En mettant en avant des mesures d’accompagnement comme l’assurance santé ou la possibilité de transfert d’argent, l’Algérie montre qu’elle envisage l’installation de ressortissants étrangers sous un angle structuré et humaniste, tout en gardant la maîtrise de ses frontières.
Cette sortie médiatique de Tebboune pourrait également être interprétée comme un signal politique adressé à la communauté internationale, dans un contexte où les flux migratoires en Afrique du Nord continuent de préoccuper de nombreux pays, notamment en Europe. En affichant une posture de fermeté équilibrée par des offres de régularisation, l’Algérie cherche à affirmer sa souveraineté tout en se positionnant comme un acteur responsable dans la gestion régionale des mobilités humaines.
Ainsi, à travers cette série de déclarations, le président Abdelmadjid Tebboune trace les grandes lignes d’une politique migratoire à la fois pragmatique et conditionnée. L’Algérie n’entend pas se fermer à ses voisins africains, bien au contraire. Mais elle exige que cette ouverture se fasse dans le respect des lois, avec une volonté commune de coopération et dans un cadre structuré. En somme, l’accès au territoire algérien est possible, mais il ne sera ni désordonné ni sans conditions.