En France, la question des visas pour les Algériens continue de cristalliser les tensions politiques, notamment au sein de la droite et de l’extrême droite, qui multiplient les pressions sur le gouvernement. Lors de son audition à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi de finances, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a été longuement interrogé sur la politique migratoire et plus particulièrement sur la délivrance des visas Schengen pour les Algériens. Les échanges ont mis en lumière une décision attendue : la France confirme une nouvelle baisse drastique du nombre de visas délivrés à l’égard des ressortissants algériens, toutes catégories confondues.
Le ministre a précisé que cette réduction concernait aussi bien les visas étudiants, les visas touristiques que ceux liés au regroupement familial. Cette annonce intervient dans un climat déjà tendu entre Paris et Alger sur la question migratoire. En France, les parlementaires de la droite et de l’extrême droite ont insisté pour que le gouvernement adopte une position plus ferme vis-à-vis de l’Algérie, estimant que le nombre de visas accordés aux Algériens restait trop élevé au regard de la coopération jugée insuffisante sur les expulsions.
Concernant les visas d’études, Jean-Noël Barrot a tenu à nuancer la récente communication de l’ambassade de France à Alger, qui faisait état d’une légère hausse. Le ministre a relativisé ces chiffres en expliquant que les visas étudiants ne représentaient qu’une faible part du total. « Il faut tout d’abord savoir que les visas étudiants constituent une portion minime des visas délivrés chaque année aux Algériens. Ce nombre varie : il est passé de 10 000 il y a deux ans à 8 000, puis à 9 000 », a-t-il détaillé. Selon lui, ces fluctuations dépendent avant tout du nombre de candidatures et des capacités d’accueil des établissements d’enseignement supérieur français.
Mais c’est sur les autres catégories de visas que la baisse est la plus significative. Pour les neuf premiers mois de l’année 2025, de janvier à septembre, la France a accordé nettement moins de visas aux Algériens. Le ministre a révélé une diminution de 14,5 % par rapport à la même période en 2024, précisant qu’il s’attendait à une baisse encore plus importante d’ici la fin de l’année. Ce recul s’inscrit dans une politique de restriction plus globale menée par Paris à l’encontre de plusieurs pays du Maghreb.
Le chiffre le plus marquant reste toutefois celui du taux de refus. En Algérie, ce taux a atteint 31 %, soit près du double de la moyenne mondiale qui s’élève à 16 %. Autrement dit, près d’un tiers des demandes de visas introduites par les Algériens sont désormais rejetées par les services consulaires français. Jean-Noël Barrot a souligné que cette tendance s’observait dans toutes les catégories : les visas touristiques ont chuté de 21 %, les visas économiques de 12,6 % et les visas pour motif familial de 7,4 %. Ces données traduisent la volonté de la France de durcir considérablement sa politique d’octroi de visas aux Algériens.
Cette orientation ne surprend pas les observateurs. Depuis plusieurs années, la France ajuste ses critères de délivrance en invoquant des raisons administratives et sécuritaires, mais aussi dans le cadre de négociations diplomatiques avec Alger sur le rapatriement des ressortissants en situation irrégulière. En parallèle, les autorités françaises insistent sur le fait que la priorité reste donnée aux étudiants algériens, aux chercheurs et aux profils qualifiés, même si le volume global de visas pour les Algériens continue de diminuer.
Pour beaucoup de demandeurs, cette situation engendre frustration et incompréhension. Obtenir un visa pour la France devient un véritable parcours du combattant pour les Algériens, qu’il s’agisse d’un voyage touristique, d’une visite familiale ou d’une inscription universitaire. Le durcissement des conditions a également des conséquences sur les échanges économiques et culturels entre les deux pays. Les entrepreneurs algériens qui souhaitent participer à des salons professionnels en France rencontrent des obstacles similaires, tandis que les familles se voient souvent séparées pour de longues périodes en raison des refus répétés.
Cette politique restrictive marque une continuité avec les mesures prises depuis 2021, lorsque la France avait déjà réduit de moitié le nombre de visas pour les Algériens, avant de partiellement revenir sur cette décision en 2023. En 2025, la tendance semble repartir à la baisse de façon plus structurelle. Le discours du ministre des Affaires étrangères s’inscrit clairement dans la ligne défendue par le gouvernement français, soucieux de répondre à une opinion publique de plus en plus sensible aux questions migratoires.
La France, en resserrant une nouvelle fois les conditions d’obtention des visas pour les Algériens, envoie un signal politique fort, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières. Si les autorités françaises insistent sur la nécessité d’une approche équilibrée, la baisse drastique des visas ne manquera pas d’alimenter les débats sur la relation franco-algérienne et sur la mobilité des Algériens vers la France. Pour l’heure, les chiffres sont clairs : la politique migratoire française se durcit, et les Algériens, qu’ils soient étudiants, touristes ou professionnels, en subissent directement les effets.